De Yorgos Lanthimos, j'avais adoré Canine, bijou d'absurdité avec un profond cynisme. Un huis-clos malsain, dérangeant et drôle.
Ici, le réalisateur dévoile une contre-utopie ou Big Brother doit être associé à Meetic 2.0, sachant que être célibataire est interdit par la loi. Si les solitaires ne trouvent pas de compagne ils seront alors transformés en animal de leur choix (un petit peu de liberté).
Le film à l'ambiance onirique, avec des personnages, froids, distants, vides varie entre l'absurde, le cocasse, le cynisme, l'humour noir, tout en enchaînant les scènes poétiques, ou au contraire d'une violence presque gratuite. A la fois cru dans ses propos et absurde, ce film dystopique pousse à la réflexion.
Photo superbe, plans millimétrés, ralentis stylisés, le tout est accompagné par l'oppressante musique expressive de Stravinsky ou de Schnittke dépeignant avec splendeur cet univers froid, lifté.
L'univers est original et le film va de surprise en surprise avec un rythme plus ou moins efficace, j'ai été moins convaincu par la deuxième partie.
La performance de Colin Farrel vaut vraiment le coup et cette année 2015 prouve que cet acteur fait de bon choix, ne le portant pas dans mon coeur il m'a bluffé dans ce film et dans la saison 2 de true détective.
Le réalisateur dépeint avec talent et encore une fois un univers déshumanisé, dénonçant avec recul et humour les différents diktats de nos sociétés. Une belle surprise.