Un très beau remake d'Interstellar, qui brasse exactement les mêmes thématiques et répond aux mêmes questions : l'homme doit-il sacrifier sa vie de famille aux dépends de ses ambitions professionnelles, ou l'inverse ? Gray répond comme Nolan, mais avec encore plus de noirceur car si le héros d'Interstellar avait la chance de revoir sa fille, devenue une femme âgée, une dernière fois avant sa mort, Percy Fawcett ici ne revoit pas sa femme et, pire encore, entraine son fils dans sa chute. Mais l'intelligence de Gray est de ne pas non plus faire un film négatif, qui tire sans cesse vers l'obscurité. C'est un cinéaste posé, mesuré, et son film a la sagesse des grandes oeuvres de David Lean, leur ampleur aussi. Car si Lost City of Z est un film d'aventures, ce n'est pas un film d'aventures extrêmes. A ce propos, Gray fixe d'emblée les choses. Il utilise (beaucoup trop d'ailleurs) l'Or du Rhin de Wagner pour dire qu'il ne fera pas le Nouveau Monde de Malick. Il monte un opéra en pleine forêt vierge (pour le retrouver plus tard détruit) pour dire qu'il ne fera pas Fitzcarraldo (ni Aguirre d'ailleurs) et il fait rapidement basculer l'esquif qui remonte le fleuve pour dire qu'il ne fera pas Apocalypse Now. (à ce propos et entre parenthèses, j'ai un grave problème avec la première expédition et les moments où l'équipage remonte le fleuve. on est bien d'accord que le but de Fawcett est de remonter à la source du fleuve n'est-ce pas ? Alors dans ce cas pourquoi est-ce que dans toutes ces scènes leur radeau va dans le sens du courant ? j'ai trouvé ça hallucinant, tellement que je me suis dit que je devais me tromper mais j'ai beau chercher je ne vois pas d'explication). Lost City of Z est donc un film d'aventures classiques, à l'ancienne, d'un réalisateur classique, mais qui n'en oublie pas la modernité dans la mise en scène et le propos (notamment sur la place de la femme, sur la vacuité d'un homme à obtenir un rang social, etc.) Mais c'est avant tout un film sur la famille, sur le tiraillement d'un homme à s'éloigner des siens et donc à rater sa vie privée pour réussir sa vie professionnelle. Dommage que le film soit salopé par la tartine moutarde du chef-op Darius Khondji, sinon on tenait vraiment un grand film.

FrankyFockers
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le 20 mars 2017

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