Depuis la Nuit nous appartient, James Gray s’est débarrassé de son statut de jeune talent du cinéma indépendant pour embrasser le statut mérité de grand cinéaste. Cela lui a notamment permis d’accéder à des projets les plus ambitieux en termes de moyens.
Ainsi, avec The Lost City of Z, Gray sort pour la première fois du carcan New-Yorkais caractéristique de tout ses précédents films. Un choix audacieux et risqué quand on connait les problèmes engendrés par un tournage en pleine jungle (pour la petite histoire, Gray aurait sollicité les conseils de Francis Ford Coppola sur cet aspect et ce dernier aurait essayé de le dissuader) mais James Gray remporte le pari haut-la main !


Ce qui frappe dans le film, c’est d’abord son amour et son respect absolu du genre dans lequel il s’inscrit car en plus d’être un beau drame familial typique de son réalisateur (nous y reviendrons), The Lost City of Z est aussi un grand film d’aventure.
Alors oui, Gray n’invente absolument rien et utilise tous les codes du genre y compris ses plus gros clichés (l’attaque des Piranhas) mais il transcende le tout par sa maîtrise de la narration et une mise en scène d’une élégance rare, qui doit énormément à la photo du grand Darius Khondji.
Sans tomber dans des effets gratuits (le film n’est pas gore pour un sou et c’est tant mieux), le métrage parvient à nous immerger pleinement, aussi bien dans une jungle hostile où le danger peut venir de partout que dans une tranchée boueuse de 14-18.
Sur le plan du pur cinéma, The Lost City of Z est donc une réussite totale mais le film n’est pas qu’une superbe épopée tropicale et renoue évidemment avec les thèmes chers à son réalisateur.


Comme d’habitude chez James Gray, il est question de famille à travers l’histoire de son protagoniste principal en quête de gloire pour laver les pêchés de son père à une époque où le lignage compte plus que les actes de bravoure. The Lost City of Z parle aussi d’un homme qui va délaisser malgré lui sa famille au profit de son obsession, occasionnant avec son fils aîné un conflit qui trouvera sa résolution dans un dénouement bouleversant.
A cela, le film superpose un discours humaniste imparable mais qui manque un peu de nuances (Fawcett est présenté comme un idéaliste respectueux des tribus amérindiennes mais la réalité était peut-être plus complexe que ça).
Le programme est donc chargé, obligeant parfois le récit à aller vite, mais à l’arrivée aucun aspect de l’histoire ne phagocyte les autres.


The Lost City of Z c’est donc du grand cinema Classique comme on voit trop rarement ! Une œuvre pleine d’images inoubliables et portée par des acteurs au diapason (Charlie Hunnam et Sienna Miller livrent les performances de leur carrière). Certains diront qu’en dépit de cette dimension spectaculaire (dont on voyait déjà les germes Dans la nuit nous appartient), le cinéma de James Gray ne se renouvelle pas vraiment vu que les thématiques sont toujours les mêmes et ils n’auront pas forcément tort. Toutefois, on ne s’en lasse pas car Gray parvient toujours à inscrire ses obsessions dans un cadre captivant : n’est-ce pas tout ce qui compte finalement ?

Diego290288
8
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le 15 avr. 2020

Critique lue 92 fois

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