L'effet papillon

Il faut bien une voix discordante à ces critiques dithyrambiques du côté gauche de la page...
J'étais plutôt de bonne composition, toujours cliente quand une fille se déguise en homme pour vivre une vie qu'elle n'aurait pas pu avoir.

Chu Ying-Tai est une jeune fille de bonne famille que son père vaniteux veut marier afin de sceller des alliances propices à son avancement social. Las, elle n'est pas très présentable : incapable de jouer de la musique, ou de calligraphier le moindre poème. Il est donc décidé de l'envoyer à l'université. Sa mère l'envoie là où elle a elle-même étudié autrefois, déguisée en garçon. Après c'est très attendu, et pas très subtil, mais comme le film n'est pas du tout prétentieux, ça passe. Moments de camaraderie embarrassés, Ying-Tai rencontre Shan-Pak, qui, d'abord inquiet de ses penchants, finit par deviner la vérité. L'amitié exclusive entre les deux se transforme en amour. On apprend au passage à quoi ressemble un soutien-gorge dans la Chine médiévale. Ying-Tai doit marcher avec les pieds attachés par une corde pour maîtriser une démarche féminine et séduisante; lors d'une partie de "football", elle l'enlève symboliquement et profite de la vie. J'aime plutôt le début de cette partie, pour son esprit qui célèbre gaiement la liberté et les premiers émois, malgré l'omni-présence d'une musique souvent pénible.
Mais Ying-Tai est rappelée par ses parents qui lui ont trouvé un mari. Finie la belle vie, finie l'éducation, finie la liberté. Place à la tragédie. Ca faisait un moment qu'on pédalait un peu, on perd soudainement toute l'indulgence dont on avait fait preuve jusque là et le changement de ton pourtant prévisible emmène le film dans le mur, aussi inévitablement que les amants vont vers la mort.

Le film est inspiré de la légende archi-célèbre des "amants papillons", qu'on peut lire ici
http://fr.wikipedia.org/wiki/La_Romance_de_Liang_Shanbo_et_Zhu_Yingtai