Le premier long-métrage de Lee Cronin commence suffisamment bien pour nous faire oublier que les sujets abordés sont malheureusement assez éculés. Comme beaucoup de films irlandais, les décors naturels sont très présents et participent à cet ambiance lugubre enveloppant les personnages principaux. La lumière, artificielle ou non, appuie la narration en revêtant des notes inquiétantes. Les teintes dessaturées virant au marron renvoient à la terre, la rouille, le sale. La sobriété de la mise en scène, bien que très classique, sert cette narration confinée. Enfin, la solide direction des acteurs principaux empêche ces derniers de tombés dans le cliché d'eux-mêmes, le personnage de la mère étant très convainquant.
Passé ce moment d'appréciation visuel, le long-métrage commence à battre de l'aile. Fâcheusement, il est difficile de voir autre chose qu'une (autre) histoire de gamin maléfique et les soubresauts scénaristiques finissent par me confronter dans mon idée. Bien sûr, il y a tous les thèmes sous-entendus qui tissent leurs toiles en filigrane sur le récit.
Violence conjugale, deuil, isolement de la vie à la campagne, harcèlement scolaire
Cependant, j'ai l'impression que toutes ces suggestions aurait mérité un traitement plus en profondeur, quitte à en sacrifier quelques unes. Il m'est toutefois impossible de ne pas saluer l'utilisation de génie de la trypophobie qui est à la fois très graphique, originale et renvoie surtout au sujet même du film.
Finalement, en dépit d'une proposition visuelle très intéressante, Lee Cronin n'arrive pas à s'extirper des codes du genre en cochant pas mal de cases, à mon plus grand regret. Il n'en reste pas moins quelque chose à raconter et on ne peut oublier qu'il s'agit là d'un premier long-métrage. Espérons qu'il soit la première pierre à une carrière prolifique et surtout loin de Netflix.