Voir le film

Vu dans le Hamlet de Joël Cohen l’an passé, le petit Dudley de Harry Potter vole la vedette à Batman, et c’est bien la seule révélation surprenante de ce film. Voilà c’est tout. Une critique frustrante pour un film criminel.


La mise en scène plate comme du Downtown Abby fait illusion deux secondes grâce à la photo galciale de Takanayagi qui avait oeuvré sur le précédent film de Scott Cooper, qui revisitait avec une sécheresse presque documentaire le genre du western dans Hostile. On avait donc la promesse d’un thriller gothique polaire bien oppressant.

Oubliez l’ambiance scandinave malsaine à couper la buée au couteau de Millenium.

Oubliez l’aura sauvage à la The Revenant qui transpirait du trailer.

Oubliez les décors fantomatiques et sanglants de Crimson Peak.

Parceque Scott lui, il a oublié toute ambition de faire du cinéma.


Dialogues redondants et voix off dès l’exposition, ni characterisation des protagonistes ni des lieux, on reste optimiste pourtant une bonne heure avant que l’intrigue ne se resserre soudainement laissant place à un sentiment inquiet, le temps passant et le récit scolaire pas inintéressant mais définitivement s’enlisant, le suspens inexistant laisse finalement place une amer compassion pour ce superbe casting éclipsé…qui avait tout pour nourrir une vraie montée en puissance etouffante.


Trop propre comme neige, n’installant jamais aucune atmosphère, ni fantastique ou neonoir, malgré des prémisses satanico-ca-va-partir-en-sale, on se surprend à regretter un bon petit épisode France TV des rivières pourpres plus efficace face à cette platitude, oui jsuis dur. Et j’irai en enfer pour avoir effleuré la comparaison sacrilège de Christian Bâle avec Olivier Marshall. On reste là, à l’arrivée - avec ces personnages secondaires bâclés et leur temps a l’écran ridicule, réalisant que le seul assassinat qui va ulcèrer le spectateur est bien celui des interprètes, avec le sort glacial que le cinéaste réserve à Gillian Anderson et Charlotte Gainsbourg pour ces rôles inexistants.


Merci donc le budget Netflix soucieux de se payer des noms à la place d’une writer room compétente mais ça, après maints auteurs bankable, on commence à être habitué à leur stratégie de chèque en blanc pour se payer une image respectable plutôt qu’un grand film bla-bla-bla mais je radote.


Cela nous laisse avec un climax moins bien torché qu’un final lambda d’X-files, et un twist qui avait tout le potentiel charme d’une ultime séquence d’episode de ce bon vieux Columbo aka « au-fait-une-dernière-ptite-question-monsieur». Nous nous taperons encore bavardage scolaire sans âme et flashbacks illustratifs fadasses a la place, définitivement indifférent à ces personnages qu’on voudrait tellement aimer.


Basé sur un livre, ce bon scott Cooper glose un script qui aurait pu être exceptionnel s’il avait fait son travail, mais il semble avoir somnolé le long du tournage, complètement vide d’intentions visuelles ou de préoccupations de conteur, amnésique de la règle d’or de l’adaptation d’un récit littéraire en langage cinéma.

« Show with action. Show…and THEN tell ».

le_tapissier
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2023

Créée

le 2 mars 2023

Critique lue 21 fois

3 j'aime

forêt fantôme

Écrit par

Critique lue 21 fois

3

D'autres avis sur The Pale Blue Eye

The Pale Blue Eye
Sergent_Pepper
6

Down by Poe

Les retrouvailles entre Scott Cooper et Christian Bale, après la réussite de leur collaboration en 2017 dans Hostiles, avait de quoi exciter : le sens de l’atmosphère du premier, associé à...

le 9 janv. 2023

35 j'aime

3

The Pale Blue Eye
RedArrow
6

Behind The Pale Blue Eye

En 1830, à la prestigieuse académie militaire de West Point, un jeune cadet est retrouvé pendu. Pire encore, son corps laissé ensuite sans surveillance est profané par une personne qui lui subtilise...

le 6 janv. 2023

25 j'aime

7

The Pale Blue Eye
Tonto
8

Bale perdu

Augustus Landor (Christian Bale) est contacté par l'Académie militaire de West Point pour enquêter sur la pendaison d'un des élèves officiers et sur la profanation de son cadavre. Rapidement, il...

le 7 janv. 2023

16 j'aime

8

Du même critique

Celestia
le_tapissier
5

Mort à Venise

Elle est belle cette couv d'un bleu ciel irréel, n'est-ce pas? Image d'un monde flottant. Deux survivants, une ancienne invasion devastatrice, des réfugiés sur une île italienne. Un groupe de jeunes...

le 17 déc. 2020

9 j'aime

3

Baron Noir
le_tapissier
8

House of Kad

Flash forward sur la présidentielle 2022, une saison 3 de loin la plus aboutie Pourquoi me direz-vous au fond de la salle? Parceque d'une synchronicité renversante avec l'explosion actuelle de la...

le 13 févr. 2020

8 j'aime

4

Mme Maisel, femme fabuleuse
le_tapissier
4

The Marvelous Miss Gardin

— Peu contenir quelques spoilers mineurs — Déshabillez la hype #metoo (une femme au foyer oppressée, trompée, devient soudainement comédienne hilarante après une cuite, allelujah) et il vous reste...

le 13 janv. 2020

7 j'aime