En tant que gros amateur de cinéma de Hong Kong, et en particulier de cinéma martial, en voilà un film qui m’intéressait dès les premières images. The Paper Tigers est le premier long métrage du réalisateur Quoc Bao Tran, qui développe d’idée de ce film depuis presque 10 ans. Après avoir présenté son film aux studios, qui l’ont refusé car ils ne voulaient pas d’asiatiques dans les rôles principaux, il se lance dans une campagne de financement participatif via la plateforme Kickstarter pour attirer l’attention. Grand bien lui en a pris car un « sponsor » a décidé d’intervenir pour aider le film à se concrétiser. The Paper Tigers se fait et est présenté au Festival Fantasia 2000 et reçoit un bon accueil. Et ce bon accueil est mérité tant le film fonctionne à 100%, avec son côté tout doux, tout mignon, touchant même par moment. On ressort du film avec ce sentiment de bien-être, un peu comme dans un feel good movie.


On sent que le réalisateur Quoc Bao Tran a grandi avec des productions telles que Karate Kid, mais qu’il a aussi beaucoup aimé la série Cobra Kaï. Il porte un regard bienveillant sur les années 80/90 avec une histoire assez simple (mais pas simpliste) qu’il va dérouler parfaitement. The Paper Tigers ressemble beaucoup à un film de kung fu classique. Des disciples rebelles en quête de vengeance contre celui qui a déshonoré leur Sifu. Oui, ça semble tout droit sorti de n’importe quelle production Shaw Brothers des années 70. L’hommage n’est clairement pas accidentel et c’est amusant de voir comment c’est transposé ici dans un cadre moderne avec un film qui devrait toucher une corde sensible chez tous les anciens pratiquants d’arts martiaux (et les autres) qui ont aujourd’hui vieilli. Car ça va être le point central du film. En effet, nos trois héros, la quarantaine bien tassée, anciens surdoués du kung fu, vont se retrouver face à des jeunes combattants. Et là, l’âge va commencer à se faire sentir, ils ont perdu de leur force mais aussi une partie de l’enseignement qu’ils avaient reçu. Ils sont moins endurants, certains ont eu des blessures et se retrouvent avec des handicaps, mais ils veulent malgré tout honorer leur ancien maitre et découvrir qui l’a tué. Clairement, The Paper Tigers ne révolutionne rien. Mais ce qu’il fait, il le fait bien car Quoc Bao Tran a suffisamment de talent et d’intelligence pour redonner de la fraîcheur au banal, en axant son humour justement sur le côté vieillissant et boiteux de son trio de héros duquel ressortira une réelle bonne humeur.


Cette réussite, on la doit en partie au casting et aux personnages. Ces héros deviennent immédiatement attachants, avec leurs failles, leurs blessures, leurs regrets. Il y a une grande dynamique entre les acteurs / personnages qui fait que l’humour et les moments d’émotion se démarquent et sonnent vrai. Les interactions entre eux sont tellement authentiques qu’on a envie une fois fini de savoir comment ils ont évolué. L’interprétation est sincère et on rigole de et avec ces personnages dont les plus grandes batailles sont au final leurs articulations grinçantes et autres pertes de cheveux. Les seconds rôles ne sont pas en reste et le personnage de Carter, l’ancien ennemi, est tout bonnement génial, bien crétin, bien pédant, mais pourtant lui aussi plein de failles malgré les apparences. Les passages où il partage l’écran avec les trois héros vont donner lieu à des moments très cocasses sujets à fous rires. Il faut également parler des combats, bien qu’ils ne soient pas l’essentiel du film, et qui du coup sont peu nombreux. Mais ils sont très bien fichus, nerveux, bien filmés, bien mieux que ce qu’on a l’habitude de voir de manière générale dans le cinéma américain. On sent que le réalisateur aime les arts martiaux, qu’il veut les mettre à l’honneur, et donc un soin tout particulier est porté à ces scènes. Alors nous ne sommes pas là dans quelque chose de fou qui se ferait s’affronter Donnie Yen et Jackie Chan. Comme dit précédemment, les personnages sont fatigués, abimés, et bien qu’ils trouvent parfois des ressources inespérées, ils accusent le poids des années et la comédie prend parfois le dessus, sans que cela ne pose de souci, bien au contraire. Car The Paper Tigers est une comédie sur les arts martiaux, et pas un film d’arts martiaux avec de la comédie (je vous assure, il y a une nuance). Et cette comédie, elle est vraiment réussie.


Basée sur la jeunesse du réalisateur, The Paper Tigers est un petit bonbon tout doux, frais et léger. Ce genre de petit film sorti nulle part et qui pourtant remporte l’adhésion grâce à sa simplicité, sa sincérité, son humour et son envie. Une réussite.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

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le 31 janv. 2022

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