Au delà de la recherche historique fouillée au niveau des décors, des costumes et des batailles, The Patriot n'a pas beaucoup d'arguments pour lui. Le film absorbe une quantité incroyable de facilités scénaristiques, allant de la bien-pensance moderne sur la traite des noirs inhérente à l'époque évoquée, aux symboliques mièvres et évidentes. Le récit néglige, pour ne pas parler d'incompétence, la délicatesse lorsqu'il s'agit de faire couler quelques larmes ou de faire ressentir au spectateur la galvanisation des esprits. A ce titre la scène du discours d'Anna dans l'Eglise est un plantage invraisemblable, gravé à jamais dans ma mémoire, la faute à beaucoup de facteurs, mais surtout à la bande originale, composée par John Williams, qui gratifie tout le film d'un habillage pompeux, stérile et convenu.

Et puis l'approche historique manichéenne; le British Bashing contre la glorification des peuples coloniaux : Tout pue le racolage et le patriotisme indécent. Le film agite maladroitement la lutte entre le brave américain contre le cruel anglais, suffisamment stupide pour ne pas s'assurer de l'existence de plusieurs otages, par exemple. Le brave américain, c'est Mel Gibson, alias Benjamin Martins, personnage dont les faits d'armes sont inspirés par Francis Marion, héros de la guerre d'indépendance. J'insiste sur l'inspiration au niveau, seulement, des faits d'armes, la vie du personnage semblant largement romancée et inventée. B.M fait figure de héros inébranlable, remportant des batailles et des guerres à lui seul, excellent leader à la guerre comme à la maison, bon chrétien (nous dit-on), tolérant, il est le symbole d'un empire colonial en proie à l'ennemi, lui refusant ses libertés et détruisant son monde. Lorsqu'il est à genou, c'est une nation qui subit. Lorsqu'il porte le drapeau brodé par son fils, c'est encore cette même nation qui se soulève. Tel que le récit nous le présente, Benjamin Martins porte le poids d'une révolution sur les épaules en plus de devoir supporter le poids immense de ses propres stéréotypes : Père de famille ayant perdu sa femme, ancien héros refusant d'aller se battre, la bonne raison pour retourner au combat étant la vengeance (leitmotiv très fréquent dans le film, on en vient à l'agacement), la nouvelle femme de sa vie est la première à apparaitre en gros plan,...

The Patriot est un film "historique" avec le script d'un mauvais dessin animé, pour peu que l'on y ajoute des batailles à mort (Pas bien gores), il n'est pas captivant, le traitement des personnages est grossier et inintéressant, il est trop long et entretient d'étroites relations avec la notion de superficialité dans un scénario. Pour autant, il est partiellement capable d'en mettre plein la vue grâce à une mise en scène maitrisée, une imagerie impressionnante et quelques moments de bravoures.
Poulika
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le 24 févr. 2015

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Poulika

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