Bon, qu'est-ce qui fait un bon survival ? L'immersion (sans jeux de mot). Si on rentre dans le film, on s'attache aux personnages et on veut les voir survivre. A défaut, on peut les prendre en pitié pour ce qu'ils endurent (solution de repli si les acteurs ne sont pas à la hauteur). Ici, ce ne sont pas particulièrement les personnages qui sont en cause (même si les thaïlandais ne sont pas réputés pour avoir un jeu très sobre ou un cinéma haut de gamme), c'est clairement le scénario et le crocodile numérique. Trop d'invraisemblances et une menace numérique visiblement incrustée pendant tout le film, ça ne favorise pas l'immersion. Vous rendez vous compte qu'une dizaine de personnes passent à côté de cette piscine et qu'à chaque fois le scénario trouve un prétexte pour ne pas faire crier notre héros à l'aide ? Que notre héros diabétique reste plusieurs jours sans insuline ? Qu'une échelle négligemment laissée dans la piscine est retirée sous les yeux du héros par un machin qui roule et tire un câble ? Comment accepter des trucs pareils sans se mettre à rire et à prendre ce film au quatrième degré ? Le survival est un genre ambitieux qui doit miser sur le premier degré pour nous faire tenir à la survie de ses personnages. Si on commence à rire, le film devient vite une comédie molle ou un nanar ennuyeux (je recommande à ce titre Crocodile 2 de Tobe Hooper, un film avec un crocodile numérique qui fait des bonds au dessus des bateaux, qui résiste aux balles et aime troller les groupes de jeunes).


Il y a tout de même un ou deux bons points dans ce film. Passer la hideur du numérique, c'est intéressant de voir enfin un crocodile de taille normale dans un film, incapable d'arracher une jambe mais pouvant provoquer quelques contrariétés. De même, l'issue du film (ou plutôt une tentative de notre personnage) ajoute un petit peu de noirceur et tente enfin un truc nouveau, ce qui est plaisant (mais c'est peu). Et enfin, malgré le côté absurde qui vire à l'involontairement drôle, il y a un petit peu de divertissement dans cette tentative, qui tente d'être inventif en huis clos, en accumulant toutes les lourdeurs qu'on pouvait en attendre.


Sans le recommander (on sent encore une fois que le style thaïlandais a du mal avec la cohérence et la sobriété), le film tente un ou deux trucs sympathiques (les conduits, séquences plaisantes pour leur aspect claustro) qui peuvent créer une petite tension. Mais le bilan sera sévère...

Voracinéphile
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le 22 févr. 2020

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