"L'expérience de Stanford est une étude psychologique expérimentale de 1971, liée aux effets de la situation carcérale sur le comportement humain" le sujet est fort intéressant et me fait penser au film allemand L'expérience de 2003. Ce n'est pas étonnant vu que c'est une sorte de remake, sauf que la violence est plus psychologique que physique. Dans mes souvenirs, la version de 2003 était plus "spectaculaire", celle-ci semble plus réaliste, ce qui l'a rend plus efficace.


The Stanford Prison Experiment était un film que j'avais sous le coude depuis quelques temps, pour les longues soirées d'hiver où les rhumes, grippes et autres plaisirs dû au début de l'automne. Le froid ayant eu raison de mon métabolisme fragile, rien de mieux que de voir d'autres personnes en souffrance pour me remettre en forme. Après le décevant My Skinny Sister, place à une oeuvre qui est sortie directement en DTV. Face à la qualité de la réalisation et interprétation, c'est assez étonnant de ne pas l'avoir vu dans nos salles. Certes, le sujet est difficile mais on nous bassine bien avec un radin où un fils qui règle ses problèmes avec sa mère à travers ses histoires. Bref, son côté anxiogène aurait été plus efficace sur un grand écran dans la pénombre et sans distractions.


Une expérience grandeur nature. L'homme a pris pour habitude de tester toutes sortes de produits sur les animaux, mais parfois sur l'être humain. Dans ce cas, il était évident que seuls des hommes pouvaient se prêter à ce petit jeu qui va vite tourner au drame. La sélection des participants se fait via des petites annonces et surtout avec l'appât financier, soit 15$ dollars par jour. De jeunes hommes se présentent et vont se retrouver dans la peau de gardiens ou détenus, à la suite d'un simple pile ou face.
Les gardiens portent la même tenue et ont des lunettes de soleil pour mettre une sorte de barrière visuelle avec les détenus. Ces derniers se retrouvent avec un seul vêtement ample, un bas sur la tête et une chaîne à un seul pied. Ils sont neufs dispersés dans trois cellules différentes. L'uniformité, l'absence de couleurs, de lumière et fatalement de liberté, va rapidement peser sur le moral de ceux se retrouvant derrière les barreaux. En donnant une liberté totale aux gardiens, le psychologue Philip Zimbardo (Billy Crudup) leur donne une sorte de pouvoir qui va se révéler dangereux entre de mauvaises mains.


Un rapport de force s'installe entre les gardiens et détenus. Christopher Archer (Michael Angarano) prend son rôle trop au sérieux et va faire preuve d'une imagination malsaine. Il prend le dessus sur les détenus, mais aussi sur les gardiens, c'est le mâle dominant. Face à lui se dresse Daniel Culp (Ezra Miller), l'esprit rebelle, celui qui pousse les autres à ne pas se conformer aux exigences de plus en plus perverse de Christopher. Le duel ne se résume pas à ces deux-là, en coulisse Philip Zimbardo observe ce jeu du chat et de la souris, en repoussant les limites par pure curiosité malsaine. Avec ses collaborateurs, il dépasse la ligne rouge et devient lui-même un membre actif de cette expérience. Elle se transforme en une simulation et va mettre en lumière leur côté obscur. Finalement, ils vont plus en apprendre sur eux-même que sur le sujet d'origine. Chacun fera son auto-critique, où pas.


Le film démontre l'effet néfaste du pouvoir sur un esprit faible ou pervers. On a chacun pu constater ce genre de changement d'attitude autour de nous, que ce soit dans le cercle amical ou sur le lieu de travail. Cela modifie la perception que nous avons de nous-même, souvent avec du recul où le regard des autres. Notre identité s'est forgée dans notre enfance, mais au cours de la vie, on évolue grâce (à cause) de notre position sociale. C'est dans ces situations que l'on voit le vrai visage des gens et on est souvent surpris, mais pas de la bonne manière. Cela résume cette expérience, où la réalisation de Kyle Patrick Alvarez est très clinique, avec une lumière dénuée de couleurs, conférant au film une atmosphère pesante en nous donnant l'impression d'être dans une boite où des souris tournent en rond sous le regard de chats sortant les griffes à la moindre occasion.


C'est une expérience tirée d'un fait réel, ce qui le rend encore plus effrayant sur la nature humaine. Ce n'est pas une nouveauté que l'homme est un loup pour l'homme, mais il est toujours bon de rappeler des vérités qui dérangent. Un film qui vaut largement plus qu'une sortie en DTV.

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le 7 oct. 2016

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Laurent Doe

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