Il aura finalement fallu trois films sur le sujet pour qu'on trouve enfin le ton juste au sujet de l'expérience de Stanford, qui révèlerait l'existence du phénomène Lucifer. Une vingtaine d'étudiants non violents, répartis aléatoirement dans des rôles de gardiens et de prisonniers, qui se livrent à une expérience de vie en milieu carcéral. Expérience qui dégénère bien vite avec son lot de mauvais traitements et de punitions collectives démontrant donc que l'homme est mauvais. Mais les circonstances et surtout l'évolution d'une telle situation sont plus complexes, et le film a enfin le bon goût de s'intéresser essentiellement à cela, en évitant l'excès de ses prédécesseurs et en jouant jusqu'au bout la carte de la psychologie.


Si le film perd des points, c'est parce qu'il manque de relief et qu'il est complètement anti-cinématographique. Ses décors sont une simple cave de fac, convertis pour l'occasion en prison de fortune. Aussi, la facture technique pauvre et une absence de spectaculaire nuisent à un aspect divertissant et peinent à remplir les longues séquences du film. Mais celui ci contient suffisamment de contenu pour lancer la polémique et donner matière à réflexion. Sa volonté de fidélité à l'histoire réelle, sa volonté de reconstitution (L'expérience et The experiment étaient des fictions inspirées) sont une force qui ont préservé le film de tous les excès de ses prédécesseurs (qui pétaient ouvertement un câble et n'avaient plus de logique) et lui assurent réalisme et cohérence. Le film a aussi l'excellente idée d'inclure des interviews des cobayes après l'expérience, de créer un dialogue gardien-prisonnier après les épisodes traumatisants qui ont été vécus, qui laissent la porte ouverte à une meilleure compréhension des émotions des gardiens, qui étaient déshumanisés très facilement. Ici, ce sont des histoire de tendances qui se confirment (des gardiens plus violents que d'autres), une accumulation d'infractions qui déclenchent les punitions, avec une logique qui trouve enfin une certaine cohérence (ce qui explique l'arrêt tardif de l'expérience, la notion de limite de l'expérience n'ayant jamais été fixée). On tient enfin un objet fidèle au matériau d'origine, qui peut prétendre à être analysé de façon sérieuse.

Voracinéphile
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le 17 nov. 2015

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