The Prom
5.2
The Prom

Film de Ryan Murphy (2020)

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Cela faisait longtemps que Ryan Murphy n’avait pas été à la réalisation d’un long-métrage. Très longtemps même. A vrai dire, la dernière fois qu’il a réalisé un film, c’était il y a précisément 10 ans, avec Mange, prie, aime (2010). Il est vrai que Murphy est l’un des créateurs les plus prolifique de sa génération, tant il met au point, chaque année, de nouvelles créations télévisuelles, qu’il s’agisse de la série d’anthologie horrifique Amercian Horror Story (2011), de la comédie musicale télévisée pour adolescents Glee (2009), ou encore l’excellente comédie dramatique Pose (2018) mettant en scène le milieu des ball et du voguing dans le New York des années 80. Je n’ai cité, ici, que trois séries signées Murphy, mais il en existe plein d’autres, le bonhomme totalisant près d’une quinzaine de séries à son actif (dont sept toujours en diffusion). Ryan Murphy, c’est une institution dans le domaine télévisuel, c’est une chaîne à lui tout seul, et c’est un créateur extrêmement apprécié par des millions de spectateurs.


Pourtant, bien qu’admiratif de sa rigueur et de son dévouement à son travail, je ne suis pas un grand fan de Murphy. Selon moi, il n’a jamais rien fait de catastrophique, mais sa filmographie manque tout de même d’une création qui mettrait tout le monde d’accord : ses séries sont souvent sympathiques, jamais remarquables. Alors, lorsque j’ai vu arriver The Prom sur Netflix, pour qui il avait déjà réalisé trois autres séries, à savoir The Politician (2019), Hollywood (2020) et Ratched (2020), un état d’esprit très paradoxal me gagna : je trouvais cela intéressant, voire même excitant, que Murphy revienne à la réalisation de long-métrage après dix ans d’absence, mais j’avais en même temps très peur que ces dix années passées à réaliser des séries ne l’ai formaté à une réalisation télévisuelle. Et ce sentiment paradoxal m’a suivi durant tout le visionnage du film.


Car toutes mes craintes se sont confirmées, The Prom c’est à peine du cinéma : la réalisation, totalement télévisuelle, ne laisse aucune place à l’imagination, la photographie typiquement netflixienne vient ternir les (très) nombreuses couleurs qui ont été choisies, l’histoire débute comme un film de Noël, avec des personnages détestables qui apprendront une banale leçon de vie avant la fin du long-métrage, et le film déborde de facilités scénaristiques qui viennent relancer un scénario dont la vacuité n’aura d’égale que la niaiserie (grosso modo, c’est l’histoire d’une bande d’artistes en déclin qui viennent en aide, pour se faire de la pub, à une jeune fille désireuse d’aller au bal de promo de fin d’année avec sa copine, ce que les adultes voient d’un mauvais œil).


Et pourtant, ça fonctionne !


Le film n’essaye absolument pas de se donner des airs de grande comédie musicale, et ça se voit. A l’instar de ses séries, Ryan Murphy met en scène des morceaux musicaux jamais marquants, mais efficaces (personnellement, je retiendrai surtout It’s Not About Me et Love Thy Neighbor). La réalisation, comme je l’ai dit très télévisuelle, parvient néanmoins à construire des plans véritablement beaux, voire intéressants, et toujours maîtrisés, tout comme son montage, comme le prouve la très bonne scène de révélation du second bal en montage alterné. Les acteurs sont tous très bons dans leur rôle, les trois vedettes étant Meryl Streep et James Corden, qui forment un duo extrêmement attachant, ainsi que Keegan-Michael Key, hilarant en proviseur désireux de s’échapper de la réalité en assistant à des comédies musicales sur Broadway. On regrettera cependant que les autres acteurs, pourtant très bons, soient cantonnés à de la quasi-figuration, y compris Nicole Kidman, Andrew Rannells et même la jeune Jo Ellen Pellman (qui ressemble beaucoup trop à Elisabeth Moss, sans déconner, ça doit être sa fille cachée).


En somme, c’est une brillante stratégie de la part de Netflix de sortir le film juste avant les fêtes de Noël, car c’est précisément le genre de film dont on a besoin en fin d’année. Tout est simple, trop simple diront certains, mais mis en scène avec un certain savoir-faire et, surtout, une certaine tendresse pour ses personnages et pour son histoire. C’est pour cela que l’aspect très caricatural de l’écriture, les musiques plus nombreuses qu’impactantes et l’impression d’avoir vu une énième mini-série de Ryan Murphy ne me dérangent pas. The Prom n’a jamais voulu devenir le nouveau La La Land (2016) ; le but était plutôt, ici, d’offrir une petite pastille de bonheur, un moment de pur divertissement ultra-coloré. Et cela m’a suffi.

Créée

le 30 déc. 2020

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Swann

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