The Raid 2 possède une force de frappe assez improbable. Un spectacle jouissif, pétaradant et inspiré. Quand il lâche les chevaux, il ne fait pas semblant et fracasse tout sur son passage. Car derrière les coups, se mêle un travail sonore qui ne laisse rien au hasard et nous fait ressentir la moindre parcelle de fracture. Autour de cet enchainement de bastons gargantuesques, Gareth Evans n’en oublie pas de faire un film, de construire son épilogue. Mais de ce point de vue là, autant l'intention est louable, autant The Raid 2 peine parfois à sublimer son schéma mécanique, du à un manque de fluidité narrative. De ce long métrage, robotisé dans son agence scénaristique, on voit plus apparaitre des vignettes dialoguées qu’une réelle intrigue globale. Cela étend mis en perspective par cette accoutumance visuelle avec ces nombreux petits travellings avant et arrière qui monopolisent presque toute l’intention de sa mise en scène. D’ailleurs, par moments, on se met à penser Nicolas Winding Refn. Sans la maestria du danois.


The Raid 2 fait souvent très mal et ne lésine pas sur les effets de style grâce à des combats portés par une énergie vorace magnifiquement chorégraphiés. Gareth Evans n’est pas manchot lorsqu’il s’agit de faire vivre ces scènes là et de leur donner une puissance féroce. L’une des premières scènes de combats du film, se déroulant dans les toilettes de la prison où l’on verra Rama se battre contre une vingtaine de mecs, est sans doute la scène la plus impressionnantes du film. Dans un tout petit espace, The Raid 2 arrive à fasciner avec un découpage ultra rapide comblé de quelques plans séquences d’une maitrise qui aspire le respect. The Raid 2 est un peu trop long, s’accommodant d’un scénario un peu bâtard, classique avec une histoire de mafieux dont le fils veut prendre les rênes du territoire en incorporant l’infiltration d’un jeune flic pour démanteler toutes cette armada corrompue.


Il n’empêche que l’histoire en elle-même tient la route et apporte son petit lot de protagonistes charismatiques (Rama, Bejo, Prakoso). Le personnage de Rama fait forte impression à l’image de cette séquence où il frappe le mur de sa cellule pour s’entrainer à se battre. D’une rapidité et d’une puissance de feu. C’est le couteau suisse du film, il se bat avec tout et n’importe quoi avec une brutalité sans égale comme le prouve ce combat à trois entre lui, la fille aux marteaux et l’homme à la batte. Le défaut du réalisateur se trouve sans doute encore dans sa cohérence, faire imbriquer parfaitement son sens de l’explosion généreuse de combats survitaminés avec un scénario digne de ce nom. On se trouve parfois devant des scènes un petit peu bouche trou, un petit trop automatique. Mais The Raid 2 joue aussi beaucoup sur ses qualités.


Le petit plus du film, c’est aussi toute la préparation visuelle qui annonce l’exécution des scènes d’actions. Cette montée en pression, ultra graphique souvent au ralenti, faisant resurgir les gimmicks de personnages plus badass les uns que les autres (le mec à la batte de baseball, le clochard à la machette, la fille aux marteaux). Une sorte de calme esthétique avant la tempête sanglante, à l’image de toute la mise en place de la scène de bravoure dans la cour boueuse de la prison. Cassage de crane, de bras, de jambes dans une maitrise visuelle assez impressionnante. Grace à un rythme plutôt bien dosé entre scène concernant l’intrigue et scène purement défouloir, la longueur du film ne se fait pas sentir. The Raid 2 est un film d’action burné et parfois violemment excessif d’une maitrise cinématographique valant le détour malgré ses quelques faiblesses narratives. Un film d’une générosité et une envie d’en découdre peu communes.

Velvetman
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le 11 mars 2016

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