Je ne suis pas un fin connaisseur ni un grand amateur de l'horreur lovecraftienne mais cela ne m'a pas pour autant empêcher d'apprécier les points de singularités de "The Resurrected", deuxième et dernière réalisation de Dan O'Bannon — connu avant tout comme scénariste ou co-scénariste des matriciels "Alien" et "Total Recall", mais aussi comme l'auteur d'un film d'horreur aussi improbable que de mauvais goût bis et 80s, "The Return of the Living Dead". Ce film a tout de la série B, et c'est sans doute ce qui le sauve un peu du jugement péremptoire et définitif, on voit très bien que les moyens sont limités et pourtant il joue avec quelques bouts de ficelles, quelques éclairages, pour amorcer une vision d'horreur qu'on est en droit de trouver originale et réussie en dépit de ses maladresses.
"The Resurrected" investit différents registres, en commençant par la thématique du quasi néo-noir avec sa figure de détective privé sollicité par une femme questionnant les activités de son mari. Il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que le scénario distille ses ingrédients fétides à base de restes humains et autres corps charcutés : l'ambiance recherchée se situe clairement sur le terrain du mystère à percer, et même si cet aspect n'est pas toujours très réussi il conserve un certain charme (presque désuet, vu d'aujourd'hui). Notamment la crédulité des personnages qu'on essaie de nous faire accepter, comme si on n'avait pas vu venir l'embrouille entre un personnage ingénieur en chimie et les "odeurs étranges" émanant de ses expérimentations... On le voit venir à des kilomètres, le sursaut horrifique.
En revanche on est beaucoup plus surpris par le surgissement d'un arc narratif conséquent remontant au XVIIIe siècle par l'entremise d'un journal appartenant à un ancêtre du mari, ainsi que par l'investigation menée par trois personnages dans des catacombes au sommet du glauque. Quelques belles scènes d'horreur sont à recenser, même si elles ne compensent pas tout à fait le niveau d'interprétation du trio John Terry / Jane Sibbett / Chris Sarandon, un peu mou. Une adaptation de "The Case of Charles Dexter Ward" à ranger non loin des délires horrifiques à la Stuart Gordon et Brian Yuzna.