The Sleep Curse
5.7
The Sleep Curse

Film de Herman Yau (2017)

Je ne sais même pas à quand remonte mon dernier Cat III. Six ans. Sept ans peut-être. Bref, trop loin pour que je m’en souvienne en tout cas. Et pourtant, j’en ai vu un sacré paquet à l’époque HKMania, fouillant les bas-fonds des sites de VCD pour trouver la pépite obscure car je ne pouvais me contenter que des classiques dont j’avais au final fait vite le tour. Quand on parle de Cat III, les noms qui nous viennent immédiatement en tête sont le duo Herman Yau / Anthony Wong qui nous auront pondu quelques pépites du genre tels que Taxi Hunter (1993), The Untold Story (1993) ou encore Ebola Syndrom (1996). Alors quand Yau annonce il y a quelques années qu’il a pour projet un nouveau Cat III intitulé The Sleep Curse, et qu’il désire que Wong soit l’interprète principal, il était attendu au tournant. Même si en deçà des films précédemment cités, le résultat est des plus réjouissants !


Pour ceux qui ne connaitraient pas la Cat III, c’est une classification dans le cinéma de Hong Kong, créée en 1988, pour des films à ne pas forcément mettre entre toutes les mains. On y trouvait pêle-mêle des films érotiques, des films amoraux, des films gores, des films ultra violents, des films traitant de manière frontale de drogue, … Bref, des films qui n’étaient pas à mettre entre toutes les mains et qui étaient en gros interdits aux moins de 18 ans. Très présents dans les années 90, ils représentaient la liberté de mouvement du cinéma de Hong Kong, et ont été de plus en plus nombreux avec l’approche de la rétrocession de 1997 et la peur qu’elle suscitait. Parmi les plus représentatifs du genre, citons Red to Kill, Run and Kill, Story of Ricky, Eternal Evil of Asia, Raped by an Angel, Underground Banker, Sex and Zen, ou encore Erotic Ghost Story. Herman Yau désirait retrouver avec The Sleep Curse l’ambiance et la violence de The Untold Story et Ebola Syndrom, même si, sur bien des aspects, son film a des points communs avec Daughter of Darkness de Ivan Lai, autre fleuron du genre. Herman Yazu et Anthony Wong ont également collaboré dans d’autres films plus sages tels que On The Edge (2006), Ip Man The Final Fight (2013) ou encore The Mobfathers (2016), mais il voulait ici que ce dernier rejoue dans un rôle de psychopathe qu’il tient si bien. Et c’est toujours autant le cas. Même si cet aspect n’est présent au final qu’en toute fin de métrage, Anthony Wong est une fois de plus exceptionnel, capable de tout jouer, ici en spécialiste du sommeil qui cherche à faire en sorte que les gens puissent vivre sans dormir. Il est capable en un fragment de seconde de passer d’un état calme à un état de furie froide. Il interprète d’ailleurs ici un double rôle, celui du spécialiste du sommeil donc, et celui de son propre père plusieurs dizaines d’années auparavant.


En effet, le film est construit sur deux époque, une contemporaine (les années 90 à vrai dire), et une autre 50 ans plus tôt, durant la guerre sino-japonaise (1937-1945), et la mise en scène va être des plus intéressantes. Le film va se focaliser d’abord sur la première époque, durant 30 minutes, puis sur la seconde, durant 30 minutes également, puis va entremêler les deux durant ses 30 dernières minutes. C’est posé, visuellement beau même si volontairement froid (avec utilisation de filtres souvent pâles), avec un rythme relativement lent, histoire de bien mettre en place son ambiance, sans jamais ennuyer. Herman Yau va se détacher ici de ses productions Cat III des années 90 en évitant l’humour et le second degré sous quelques formes que ce soit. Il va évoquer le karma, la souffrance humaine, la filiation, l’amour, l’horreur de la guerre pour les civils (en particulier les femmes), la vengeance, la traitrise, … le tout avec une très légère pointe de surnaturel (magie noire). Pour le coup, il y aura des moments assez durs, aussi bien psychologiquement (la fuite des fillettes, la maison de passe, …), que visuels, surtout lors du final où Yau va aller relativement loin dans le noir, le glauque, le désespéré, le gore bien crade. Ce gore n’est en vérité que peu présent, lors d’une scène au début du métrage, et sur ce final donc. Mais on reconnait là clairement le Herman Yau de Untold Story et Ebola Syndrom (décapitation, mutilation, cannibalisme) et ces scènes restent bien en tête.


Drame virant vers l’horreur, The Sleep Curse est une nouvelle réussite pour le maitre de la Cat III Herman Yau. Même s’il n’arrive pas au même niveau que les fleurons du genre, il n’en demeure pas moins un bon film avec une fin bien marquante.


Critique originale : ICI

cherycok
7
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le 31 août 2020

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