Honnêtement, Je voulais mépriser ce film. Je considérais son sujet même comme médiocre, et j'émettais des critiques négatives à-priori (qui se rapprochaient presque mot pour mot de la, très bonne, diatribe de Torpenn) à mes proches enthousiastes. Pourtant, en sortant de la séance, je n'ai pas été énervé mais à la fois agréablement surpris et profondément déçu.

Agréablement surpris par le traitement de Zuckenberg. Je m'attendais à un personnage méprisable, je me suis retrouvé face à un inadapté social qui compense ses faiblesses par un intellect brillant et une répartie délectable. S'il n'a aucun recul sur ses actions, sa façon à la fois candide et froide de s'intégrer dans un système qu'il n'entrevoit que par quelques images mentales et modèles simplistes est souvent jubilatoire.
Agréablement surpris par la façon qu'a Fincher de saisir une époque faite de jeunes désœuvrés à un point où les plus naturelles des choses paraissent des objectifs presque inatteignables, et où la réussite réside dans l'irresponsabilité et l'individualisme les plus totaux.
Agréablement surpris par la fulgurance occasionnelle des dialogues, souvent comiques par leur absurdité ou leur cynisme sous-jacent.
Agréablement surpris par la réalisation et le rythme, qui réussissent à faire passer un moment agréable, malgré la difficulté du postulat initial.

Profondément déçu par l'indigence psychologique des personnages secondaires, réduits aux simples rôles de pantins au service de la narration.
Profondément déçu par la musique inutilement pompière et dramatique, jusque dans les moments insignifiants (et pourtant, j'aime bien NiN).
Profondément déçu par le manque de scènes fortes et mémorables (à l'exception de la dernière), et par l'insuffisance de certains moments, présentés comme épiques par d'autres (sérieusement, la course d'avirons vous a tant marqués que ça?).
Profondément déçu, enfin, par le manque de force du propos. Je ne sais si c'est pour coller au mieux aux faits ou pour éviter de vexer qui que ce soit, mais l'œuvre ne ne se rapproche jamais assez de la farce féroce ou du drame tragique, et échoue ainsi à marquer durablement les (mon) esprits.

Finalement, une pellicule intéressante, qui ne mérite ni l'opprobre, ni l'encensement.
Kalian
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 années 2010

Créée

le 21 nov. 2010

Critique lue 547 fois

26 j'aime

3 commentaires

Kalian

Écrit par

Critique lue 547 fois

26
3

D'autres avis sur The Social Network

The Social Network
Sergent_Pepper
9

Around the crowd in a day.

Alors que Fincher optait dans Zodiac pour la distance et l’atonie comme remède à l’hystérie souhaitée par un psychopathe, le sujet qu’il aborde dans The Social Network va impliquer un changement de...

le 28 déc. 2014

114 j'aime

5

The Social Network
Torpenn
5

Fincher et les malheurs du trou du cul...

Le héros de ce film est un trou du cul, ce n'est pas moi qui le dit mais sa copine qui le largue au début du film dans une scène très pénible qui a pour seul intérêt la confirmation du postulat sus...

le 1 nov. 2010

100 j'aime

338

Du même critique

Bref.
Kalian
3

Y a un pépin, le bref.

Des thèmes parfaitement consensuels et profondément inintéressants (la drague, la procrastination, l'embauche...SU-PER !). Un personnage principal de gros mou vaguement loser stupide et méprisable...

le 6 sept. 2011

213 j'aime

143

Blade Runner
Kalian
10

She won't live...but then again, who does?

Blade Runner est l'une de ces rares œuvres que l'on ne peut facilement catégoriser sans tomber dans la simplification malhonnête. C'est une merveille de film noir. Une enquête passionnante et...

le 23 oct. 2010

148 j'aime

16

Freaks - La Monstrueuse Parade
Kalian
10

Les freaks, c'est chic.

J'ai toujours une certaine appréhension avant de lancer un vieux classique adulé par des générations entières. Une peur irrationnelle qui me fait craindre que le tranchant de l'œuvre ait été émoussé...

le 17 nov. 2010

111 j'aime

11