The Social Network par Kalian
Honnêtement, Je voulais mépriser ce film. Je considérais son sujet même comme médiocre, et j'émettais des critiques négatives à-priori (qui se rapprochaient presque mot pour mot de la, très bonne, diatribe de Torpenn) à mes proches enthousiastes. Pourtant, en sortant de la séance, je n'ai pas été énervé mais à la fois agréablement surpris et profondément déçu.
Agréablement surpris par le traitement de Zuckenberg. Je m'attendais à un personnage méprisable, je me suis retrouvé face à un inadapté social qui compense ses faiblesses par un intellect brillant et une répartie délectable. S'il n'a aucun recul sur ses actions, sa façon à la fois candide et froide de s'intégrer dans un système qu'il n'entrevoit que par quelques images mentales et modèles simplistes est souvent jubilatoire.
Agréablement surpris par la façon qu'a Fincher de saisir une époque faite de jeunes désœuvrés à un point où les plus naturelles des choses paraissent des objectifs presque inatteignables, et où la réussite réside dans l'irresponsabilité et l'individualisme les plus totaux.
Agréablement surpris par la fulgurance occasionnelle des dialogues, souvent comiques par leur absurdité ou leur cynisme sous-jacent.
Agréablement surpris par la réalisation et le rythme, qui réussissent à faire passer un moment agréable, malgré la difficulté du postulat initial.
Profondément déçu par l'indigence psychologique des personnages secondaires, réduits aux simples rôles de pantins au service de la narration.
Profondément déçu par la musique inutilement pompière et dramatique, jusque dans les moments insignifiants (et pourtant, j'aime bien NiN).
Profondément déçu par le manque de scènes fortes et mémorables (à l'exception de la dernière), et par l'insuffisance de certains moments, présentés comme épiques par d'autres (sérieusement, la course d'avirons vous a tant marqués que ça?).
Profondément déçu, enfin, par le manque de force du propos. Je ne sais si c'est pour coller au mieux aux faits ou pour éviter de vexer qui que ce soit, mais l'œuvre ne ne se rapproche jamais assez de la farce féroce ou du drame tragique, et échoue ainsi à marquer durablement les (mon) esprits.
Finalement, une pellicule intéressante, qui ne mérite ni l'opprobre, ni l'encensement.