The Social Network par NicoBax
Comme beaucoup, assez dubitatif concernant le sujet du film. Un film sur le créateur de Facebook ? Vraiment ? Je dois admettre mon absence relative de fascination pour les golden boys, les milliardaires et les hommes d'affaire qui ne font pas spécialement rêver et du coup, j'étais passé à coté de toute la genèse de ce phénomène de mode et l'histoire de son créateur.
Quant à David Fincher, je n'étais pas non plus inconditionnel de son cinéma, un peu fatigué peut être de son coté pseudo-incontournable chez tous les gens traumatisés par Fight Club.
Contre toute attente donc, je me suis pris au jeu. A plusieurs niveaux :
- Le jeu de Jesse Eisenberg qui campe un Zuckerman imbuvable, inadapté, probablement autiste et maladroit, la frâicheur d'Andrew Garfield qui nous permet de remettre vraiment l'histoire dans son contexte (les créateurs de FB étaient à peine sortis de l'adolescence) et les nuances (oui oui j'assume) de Justin Timberlake en Sean Parker.
- Le minimaliste général de la réalisation, ses bonnes idées discrètes (si on excepte l'anachronique scène d'avirons) et quelques scènes peut être un peu faciles mais qui fonctionnent quand même (la dispute entre Zuckerberg et Saverin le soir du premier million d'inscrits)
- Le coté chronique d'une époque si proche et si loin à la fois, aspect assez perturbant. D'ailleurs Ficher est plutôt malin : en glissant des références à l'évolution progressive de FB (partage de photo, tagging), il donne l'impression au spectateur d'être un "initié", d'être "particulier" qui lui sait de quoi on parle alors qu'il fait au contraire partie d'une masse anonyme.
Toutefois, j'aurais peut être aimé que Fincher essaie d'être moins équitable avec tous les protagonistes du film, qu'il prenne peut être plus partie et qu'il apporte (de façon encore plus hypothétique) des réponses aux nombreuses péripéties qui jalonnent encore le parcours du plus grand réseau social du monde. Son Zuckerberg est aussi froid qu'il est profondément humain, a priori incontrôlable et pourtant facilement manipulable, les doutes sur ce qu'il a fait (ou pas) pour en arriver là seront renforcés (à moins qu'on souscrive à la théorie présentée par l'assistante juridique à la fin du film, pirouette facile et absolument inutile - si ce n'est peut être pour éviter des procès).
Surprenant donc et qui me donne envie de le revoir avec toutefois l'appréhension d'être déçu par un nouveau visionnage.