Comment devenir milliardaire à 25 ans et perdre tous ses amis

Si le film de David Fincher est tant revêtu de louanges, c'est sans doute parce qu'il parle énormément et notamment à une jeunesse qui se veut le plus visionnaire possible, et qui se reconnaîtront, plus ou moins, dans cette introspection qui vise à montrer Mark Zuckenberg dans sa quête du produit parfait. Le prétendu créateur du site s'est, par ailleurs, imposé à lui-même ses propres lois et c'est sans doute ça le tour de force du film qui met en exergue un homme désespéré et soumis, comme tous les autres utilisateurs du site qu'il aura attirés, à une certaine forme de dépendance, encore nouvelle à l'époque : actualisant sans arrêt la page pour voir si son ex petite amie a accepté sa demande d'ajout. Cette illustration du "consommateur consumé dans les flammes de la technologie" (ayant lui-même allumé la mèche) est donc intéressante à suivre et elle plutôt bien distillée au fil de l'histoire.


The Social Network n'est pas un documentaire sur la création de Facebook. Ce n'est qu'un prétexte pour mettre en image les maux d'une société en perpétuelle évolution et qui multiplie les folies tout en haranguant autour de ses moyens de communication à adopter, pour une vie plus simple. Ce n'est qu'un film, comme un autre, de David Fincher que l'homme arrange à sa manière pour parler du monde actuel, servi particulièrement par des dialogues teintés d'ironie, et dont il dessine les contours en y apposant un sujet populaire ou pour lequel il sent un potentiel intérêt.


Jusque là tout est parfaitement millimétré pour nous faire comprendre comment devenir richissime et se mettre à dos une bonne partie des personnes qu'on pensait proche, mais qui à la moindre apparition d'un centime nous font les choux gras. Le problème, si il en est un, c'est que le personnage principal est antipathique et pendant tout le film, la même expression se voit sur son visage. Il aurait été préférable que je puisse prendre mes distances avec cette actualité forte de sens qui nous est racontée, et surtout que je puisse connaître la vraie personnalité de Zuckenberg pour savoir si l'acteur qui le joue est à la hauteur ou s'il ne fait que se conformer aux limites endiguées par la narration. Le personnage de Zuckenberg, alors qu'il devrait être la fer de lance de cette discorde autour de Facebook, n'est aucunement subjuguant d'un point de vue dramatique. De ce fait, il est difficile d'entrer dans ce long-métrage aux airs de "faux biopic" et de se passionner pour ses querelles, qui paraissent finalement vaines et parfois très longues, voire très monotones.


Je ne dirais pas que c'est un film dépourvu de qualités, car la réalisation de David Fincher est au niveau de ce qui se fait de mieux dans le cinéma, toutefois le découpage assez classique (il y a des gentils, il y a des méchants. Oh ! Un revirement. Et enfin, happy end... Certes, je grossis le trait mais je ne crois pas que parler du débit de paroles explosif et étourdissant des personnages soit une meilleure chose pour témoigner de mon désintérêt, au contraire c'est un désamour malgré moi), ainsi que le manque de recul sur le sujet abordé, tout cela témoigne de cette fâcheuse tendance à Hollywood pour célébrer des icônes qui sont encore toutes jeunes dans nos esprits.

Eren

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