Spell à Tartes

The Spell est un téléfilm sorti sur le petit écran américain en 1977, soit un an tout juste après Carrie dont il s'inspire fortement pour ne pas dire plus. Le scénariste Brian Taggert ( Poltergeist III – Terreur à l'Hôpital Central – Mort ou Vif) aura beau se défendre de ne pas avoir vu le film de Brian De Palma avant d'écrire son histoire, on pourra tout de même se demander si il n'avait pas au moins lu le livre de Stephen King. Ce récit d'adolescente raillée aux pouvoirs de télékinésie fait en tout cas clairement écho à Carrie et ceci jusque dans son final.

The Spell c'est donc l'histoire de Rita une adolescente un peu ronde et repliée sur elle même qui subit les moqueries de ses camarades de classe. L’adolescente semble posséder d'étrange pouvoirs puisque toutes celles et ceux qui tentent de la menacer ou qui vont l'embarrasser vont connaître des accidents plus ou moins tragiques.

A la lecture du pitch du film je m'attendais vraiment à une sorte de slasher fantastique tant la thématique de la vengeance de l'opprimée est très présente dans le genre. A l'arrivée le film se concentre surtout sur la cellule familiale de la jeune Rita et sur les quelques personnes qui vont graviter autour. Il n'est donc pas question ici d'une vengeance avec un bodycount conséquent dans lequel Rita décimerait une à une ses malheureuses camarades de classe (Sniff !!). Le film de Lee Philips s'attache surtout à nous montrer cette famille lutter et se désagréger au contact de leur propre fille, une adolescente difficile et frondeuse qu'il faut à l'évidence ne pas trop titiller. Le traitement est donc un poil surprenant et original mais il est aussi et surtout assez bavard et relativement soporifique. Les éléments fantastiques et horrifiques sont extrêmement rares et sans vraiment s'ennuyer on est pas trop à la fête à regarder papa et maman s'engueuler pendant des plombes pour savoir ce qu'ils vont faire de leur boulet de fille. Il faudra carrément attendre le tout dernier quart d'heure riche en rebondissements et éléments fantastiques (encore une fois souvent honteusement pomper sur Carrie) pour que le film décolle enfin. Pour le reste entre l'impression de déjà vu, les longues séquences de dialogues peu constructifs et une absence totale de frissons l'amateur de cinéma de genre n'est pas trop à la fête. Surtout que lorsque le film s'aventure timidement vers l’horreur avec une vielle qui pour signifier qu'elle brûle de l'intérieur devient rouge comme une merguez piquée aux colorants et se jette par la fenêtre en fumant, la séquence prête bien plus à sourire qu'à frissonner.

Ce qui sauve partiellement le film du naufrage reste la qualité de ses interprètes et quelques petites idées éparses même si elles sont presque toutes concentrées sur la toute fin du film. Pour son tout premier film la jeune comédienne Susan Myers est franchement convaincante dans le rôle de Rita avec un personnage assez ambigu puisque presque aussi détestable qu’attachant. Lee Grant qui décidément aura du mal avec ses progénitures puisqu'elle interprétera plus tard la mère de Damien Thorne dans le second volet de La Malédiction, joue ici une mère de famille combative et volontaire prête à tout pour préserver sa famille et continuer d'aimer sa fille super louche y compris lorsqu'elle tente de butter sa propre sœur. Quant à la petite sœur de Rita j'ai passé tout le film à essayer de retrouver à qui la jeune actrice me faisait penser avant de voir finalement que c'était Helen Hunt alors âgée de 13 ans.

The Spell n'a donc rien d'extraordinaire à proposer si ce n'est une sorte de relecture familiale de Carrie mais sans bal du diable. Engoncé dans son format de téléfilm, le film de Lee Philips se regarde d'un œil distrait avant de s'oublier presque aussitôt.