Cela fait déjà quelque temps que Nicolas Cage n'a plus rien à prouver et choisit des rôles parce qu'ils le font marrer. Dans Un talent en or massif, il jouait son propre rôle, un Nick Cage devenu complètement has-been ; dans Renfield il interprétait un Dracula un brin excentrique ; dans Dream Scenario son personnage était un monsieur tout-le-monde qui devenait du jour au lendemain un vrai phénomène médiatique… Des rôles forts, constamment drôles et plein d’auto-dérision. Avec toujours une dangereuse tendance à s’en prendre plein la gueule.
Et on reste dans la même veine avec The Surfer ! Le film est réalisé par l’irlandais Lorcan Finnegan, à qui l’on doit notamment Vivarium, un autre film de genre au concept fort. Sous ses airs de série B, The Surfer est un petit bonbon sympathique, un vrai/faux revenge movie pas méchant mais qui remplit son rôle de défouloir. Le film correspond totalement à l’âme de la sélection (hors compétition) Séance de Minuit du festival de Cannes. Le film repose entièrement sur les épaules de l’acteur, qui ne perd pas unesi belle occasion de faire son show.
Côté scénario, nous avons ici un huis-clos de plein air assez classique : un businessman américain revient en Australie où il a vécu enfant et emmène son ado sur une plage pour surfer. Le surf est un prétexte : il veut en réalité montrer à son fils sa maison de famille sur la corniche, qu’il est sur le point de racheter. Notre homme est fier et orgueilleux, mais dans ce petit coin de paradis, rien ne se profile comme il le souhaite. Tandis que l’achat de la maison est en train de capoter, il est humilié devant son fils par un groupe de surfeurs hippies local, rassemblé autour d’un gourou des plages. L’accès à la plage lui est interdit, et les camouflets se font de plus en plus virulents. Sa planche de surf, sa voiture, sa montre et ses chaussures : tout y passe ! Bientôt, c’est la guerre ouverte avec la petite secte de la baie, les fanfarons psychopathes soutenus par les habitants et la police locale. La pression monte, les relations s’enveniment… On attend que ça pète !
A la mise en scène aussi, on sent que ça s’amuse ! Lorcan Finnegan abuse d’effets de style, à l’image des gros plans sur les yeux, façon Sergio Leone. La faune locale est particulièrement mise à contribution, des araignées au porc-épic, en passant par les rats et le serpent (qui a pour l’anecdote mordu Nicolas Cage lors du tournage). Et le soleil australien, écrasant, caniculaire, harassant. On en vient même à se demander si ce n’est pas notre surfer qui est fou à lier, qu’il n’est pas businessman mais clodo et qu’il s’est inventé une vie avec son fils et sa maison de famille.
Bref, The Surfer est le genre de film qui prolonge plaisamment notre été, qui fait grimper la température avec de bonnes ondes de cinéma de genre. C’est un film qui sort directement sur plateforme, mais qu’on aurait eu plaisir à découvrir sur grand écran, au milieu d’une salle pleine et surexcitée.