The Town est le 2ème film réalisé par Ben Affleck après l'excellent Gone Baby Gone. Décidé à s'aventurer dans la mise en scène d'un genre à l'antipode de sa première réalisation, il s'est offert une bonne vieille histoire de braqueurs de banques. Pourquoi pas ? Heat de Michael Mann était un chef d'œuvre et The Town s'inscrit clairement dans cette lignée.

Le film s'ouvre sur un braquage durant lequel des casseurs méticuleux et calculateurs prennent en otage la directrice d'une banque. Le casse terminé, ils la relâchent. Pour s'assurer du silence de la belle, Doug (alias Ben Affleck) se voit chargé de surveiller ses faits et gestes. Et ce qui devait arriver, arriva.

Vous l'avez compris, le spectateur n'est pas à l'abri de quelques clichés. Toute l'histoire gravite autour du personnage principal, Doug, braqueur de banque pour des raisons plus familiales ou sociales que personnelles. Il rencontre cette fille, tombe amoureux, et décide de s'en sortir grâce à elle, avec elle et contre tous. Noble thème s'il en est, de dénoncer le déterminisme social d'une communauté où l'on devient braqueur de père en fils, mais, et c'est dommage pour Ben Affleck, le thème aurait pu être mieux traité. Il manque de profondeur, d'aspérités, de ces petits détails qui sont l'apanage des grands films.

Genre cinématographique oblige, Ben Affleck n'a ni la liberté, ni le temps de développer les tourments du personnage principal autant que dans Gone Baby Gone. Qu'à cela ne tienne. Il va donc opter pour un personnage renfermé qui, deux ou trois fois dans le film, s'ouvrira telle une belle fleur délicate pour répandre un fumet à l'eau de rose. Et pour être sûr que le spectateur soit bel et bien sous son emprise, il surdose le parfum et crée un personnage construit qui manque cruellement de naturel.

Suis-je trop sévère ? Probablement, car j'ai été déçu. Déçu de le voir s'approcher si près de la frontière du grandiose et faire marche arrière. Il ne manque pas grand-chose pour en faire un très bon film. Ben Affleck a dû se gaver de films de braqueurs et techniquement, il respecte tous les codes du genre. Le film est très bien construit, il ne tombe jamais dans le pathos sentimental ni dans la sur-exagération de cascades et courses poursuites. La mise en scène est brute, le montage nerveux, c'est un vrai film de gangsters avec tout le réalisme mordant que cela exige.

Il ne manque que ce petit brin de génie différenciant les agréables divertissements des grands films de genre.

jurob
6
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le 16 déc. 2010

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jurob

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