• Revu en juin 2014 (+2 points) :
D'une grâce absolue, The Tree Of Life nous emporte dans un pur voyage des sens et de l'émotion. Rarement un film n'aura navigué entre les échelles macros et microscopiques avec une telle beauté, et un tel sentiment de complétude. Sur des compositions classiques, réquiems et chorales divines, Terrence Malick conçoit une œuvre de symboles. Des images dantesques et saisissantes du cosmos (2001, The Fountain), de notre planète et la création de la vie à cette famille des années 50, il instaure le questionnement de la foi, du bien et du mal, à travers la mort. D'une photographie naturelle exemplaire, Malick offre des plans contemplatifs renversants. L'ensemble du casting est même parfait ; toutes les séquences de famille sont d'une véracité frappante. Brad Pitt excelle en figure paternelle sévère, Jessica Chastain est splendide en mère affectueuse. Ode à l'enfance, à l'humanité, et sa place accordée dans l'univers. Ode à la nature, son éternel recommencement et ses codes immuables à travers les espèces. Ode à la vie. Malick réalise là une œuvre supérieure et grandiose, incontestablement à l'épreuve du temps.

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• Critique du 21 mai 2012 :
Enfin je me suis lancé dans le visionnage de The Tree Of Life. Nouveau chef d'œuvre du cinéma, ou arnaque à 30M$ pour onanistes intellectuels ? Les retours étaient très polarisés, mes amis les plus cinéphiles guère conquis, et mon intérêt vis-à-vis du long-métrage plutôt bas, je dois le dire. Par ailleurs, je préfère préciser que le cinéma de Mr. Malick ne m'était pas familier.

Jusqu'à ce certain soir, où je me suis finalement décidé à peut-être vivre les 2h les plus longues de ma vie. Je l'avoue, la première demi-heure ne m'a rien offert pour défendre ce film. Patchwork de plans de quelques secondes à une ou deux minutes montés abstraitement sur des chœurs pompeux. Création de l'Univers et évolution de la vie digne d'un reportage d'Arte - et pourtant, les scènes spatiales ambiantes, je m'en régale habituellement ! Trame décousue, personnages vite éclipsés, et phénomènes de la nature impressionnants de par leur capture seulement. En gros, me trottait en tête que le film était une belle arnaque qui se contentait de coller des images majestueuses de la nature pour combler le vide d'une intrigue d'un court-métrage, le tout enrobé de questions masturbatoires sur la religion, et de répliques moralisatrices. Je voyais l'heure et demi à venir très longue et fastidieuse.

Certains auront déjà envie de m'insulter à la lecture de ce précédent paragraphe. Par la suite, le film s'est centré sur la famille O'Brien et, étrangement, même si la réalisation n'avait peu changé - enchaînant constamment de courtes scènes ne permettant pas de créer de véritable histoire, mais plutôt un album vidéo du passé (années 50) - j'ai commencé à prendre plaisir devant ces instants de vie partagés entre les sentiments des enfants, et leur éducation par leur père autoritaire, ou leur mère plus affectueuse. Peut-être était-ce le temps de m'adapter à The Tree Of Life ? Quoiqu'il en soit, les 80 minutes qui suivirent furent un réel plaisir à découvrir.

Puis, les dix dernières minutes basculèrent sur un final pour le moins déconcertant, incompréhensible j'aurais envie de dire, mais le terme me semble fort. En somme, ce qu'il s'y passe est certainement sujet à des interprétations plutôt poussées, qui ne trouveront sans doute jamais de confirmation.

Un premier visionnage chaotique donc, à l'issue duquel je ne savais trop que penser, mais qui a attisé ma curiosité et, après avoir lu quelques "analyses" sur la toile, m'a donné envie de le revoir dès le lendemain pour m'en faire une idée plus nette, maintenant que je savais à quoi m'attendre. Car, dans ce long-métrage, subsiste un jeu d'acteur démentiel, que ce soit de la part des stars telles que Brad Pitt ou Jessica Chastain (Sean Penn n'étant pas tant que ça présent à l'écran), ou même des enfants qui sont troublants de sensibilité et crédibilité. Par ailleurs, l'accompagnement musical introspectif du grand Alexandre Desplat, combiné à des morceaux classiques tout aussi intenses et favorables à l'œuvre, apporte un aspect poétique (renforcé par les voix off chuchotées), enivrant, et nostalgique à la pellicule. Et ce, notamment grâce à la superbe photographie, la réalisation légère et virevoltante, et aux scènes contemplatives qui n'ont de cesse d'appuyer la lenteur ambiante et d'entraîner le spectateur dans une sorte de voyage à la fois rêveur mais également intrigant, poussant indéniablement à la réflexion.

Mon second visionnage m'a donc été plus propice. J'avais quelques nouveaux éléments en main et ai pu mieux appréhender l'ensemble du film, sachant où il me menait. En dépit d'avoir pu distinguer davantage d'idées à travers les plans, les mises en scène, et les discours narratifs hors cadre, je suis resté toujours aussi perplexe sur la fin, et sur certains autres points du film. Leur importance, leur validité, leur nécessité ? Tout l'épisode familial m'a moins enthousiasmé qu'au premier visionnage, mais il faut dire que j'étais davantage concentré sur la symbolique qui pouvait se dégager des images. C'est pourquoi je pense qu'il est nécessaire, même si ridicule pour beaucoup, de ne pas se contenter d'un seul visionnage pour se faire une idée du film, tellement il y a, paradoxalement, d'éléments à saisir. Et la prochaine, pour ma part, se fera une fois le Blu-Ray en main.

En tous les cas, que l'on l'apprécie ou non cette œuvre atypique, force est de constater que sa réalisation relève du grand art. Que ce soit dans les prises de vue, l'harmonie musicale, et la poésie visuelle qui s'en dégage tout en laissant le sentiment que des enjeux plus importants se cachent sous la surface. Il est délicat de recommander ce film à son entourage, tant cette pellicule est difficile à appréhender - ce serait prendre la responsabilité de se faire haïr par bon nombre d'entre eux pour leur avoir infligé un tel supplice. La seule chose que je peux faire, c'est de conseiller ce film à quiconque apprécie le cinéma pour ce qu'il est, un médium artistique qui ne trouve parfois de signification qu'aux yeux d'une minorité.


P.S.:
Sur un thème similaire (l'arbre de vie, la vie, la mort), je ne saurai que trop conseiller l'excellent The Fountain de Darren Aronofsky, qui emploie une symbolique différente mais recoupe parfois celle de Malick, notamment avec ces représentations cosmologiques par le biais de réactions chimiques filmées à l'échelle macro (la même équipe a travaillé sur les deux films). Et si celui d'Aronofsky apparaît plus comme un puzzle à reconstruire, il n'en reste pas moins porteur d'un très beau message et gardera finalement ma préférence.
AntoineRA
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le 21 mai 2012

Modifiée

le 6 juin 2014

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AntoineRA

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