J’adore Tommy Wirkola, il a un côté un peu sale gosse. Je l’avais découvert avec le fun Dead Snow, l’encore plus fun Dead Snow 2, et le rigolo, quoi qu’un peu nul, Kill Buljo : Ze Film. Même son Hansel et Gretel, pour sa première excursion aux States, m’avait bien fait délirer (je sais, je suis le seul). Seul Seven Sisters manque à ma culture cinématographique maintenant que je viens de voir The Trip, son dernier film en date que j’attendais avec impatience. Mais soyez prévenus, mieux vaut ne rien connaitre de plus du film que le scénario ci-dessus. Alors évitez les bandes annonces, et évitez cette critique si vous ne l’avez pas encore vu et que le film peut potentiellement vous intéresser. Pour les autres, vous pouvez gentiment continuer votre lecture de ce The Trip qui, malgré un gros ventre mou, est une bobine vraiment fun.


Avec son titre original norvégien qui signifie littéralement « Pour le Pire », The Trip est en quelques sortes, du moins dans sa première partie, une version trash de La Guerre des Roses (1989) de Danny DeVito. « Trash » car, comme souvent avec Wirkola version norvégien, pas ou peu de limite dans la violence, le gore et l’humour politiquement incorrect. The Trip se divise en deux parties. La première va voir un couple aller dans un chalet de famille, chacun avec l’intention de faire manger à l’autre les pissenlits par la racine, chacun ayant envie de toucher l’assurance vie de l’autre en faisant passer un meurtre pour un malheureux accident. Bien entendu, très rapidement, chacun va se douter du stratagème de l’autre. La méfiance va s’installer, les moments faux-culs vont s’enchainer, puis bien entendu cela va finir par exploser et partir en bataille rangée où les coups fourrés et où les fions envoyés à la gueule de l’autre vont être légion. Les dialogues sont d’ailleurs très bien écrits, avec toujours des petites piques qui font mal envers le « camp adverse » et qui font mouche pour le spectateur. Les personnages sont plein de repartie et surtout extrêmement bien interprétés. Tommy Wirkola retrouve ici Noomie Rapace (la Saga Millenium) après son sextuple rôle dans son précédent film Seven Sisters. Elle nous prouve une fois de plus ici l’étendue de son talent d’actrice et est très convaincante en femme forte qui a envie d’en découdre avec son futur ex-mari. Aksel Hennie (Headhunters, Max Manus) est tout aussi excellent, en mari un peu couard qui décide de reprendre ses burnes en main et de faire ce qu’il a à faire. The Trip ne fait jusque-là pas dans la dentelle et la haine que chaque personnage entretient envers l’autre a quelque chose de jouissif. Il y règne une bonne humeur macabre, nous mettant en position de voyeur qui prend du plaisir à voir des gens se mettre gentiment sur la gueule.


Puis il y a la seconde partie, lorsque la « 3ème force en puissance » fait son apparition, remettant un peu de piment à une première partie qui n’en manquait déjà pas. Malheureusement, c’est aussi le moment où le film va décélérer et qu’un gros ventre mou de 20 bonnes minutes va s’installer. Certes, ce passage un peu à vide est là pour nous présenter les nouveaux gais lurons qui se sont invités à la fête, mais c’est aussi le moment le moins intéressant du film, avec un côté parfois un peu trop répétitif. Heureusement, Wirkola décide de mettre le turbo pour son dernier acte, sans doute le plus réussi. Les évènements qui vont s’enchainer vont être complètement jouissifs ; The Trip va virer vers le gore et les scènes qui font mal, avec des effets à l’ancienne. Le sang gicle comme il faut, avec constamment un humour bien noir qui va venir dédramatiser l’ensemble. La bonne humeur règne malgré tout. Une bonne humeur macabre nous amenant petit à petit à un final bien fou et jubilatoire versant dans le gentil trashos et dans le décalé, pour finir sur une scène finale qui résonne comme un gros doigt d’honneur balancé au cinéma hollywoodien qui aime s’emparer d’histoires vraies et en faire n’importe quoi, quitte à tordre la réalité. L’intrigue n’a peut-être pas une grande profondeur mais elle sert d’abord à mettre les protagonistes à la gorge l’un de l’autre avant d’introduire une nouvelle menace pour eux. Mais le jeu de survie dont l’issue est toujours incertaine jusqu’à la fin, grâce à des retournements de situation parfois assez inventifs, fait vraiment le job. La mise en scène de Wirkola est excellente, sa caméra est toujours positionnée là où elle doit être, et le montage reste toujours limpide même lorsque l’action devient un peu plus frénétique et que les personnages se mettent sur la gueule dans la joie et la bonne humeur. Quel dommage que ce ventre mou n’ait pas été écourté de 15 bonnes minutes car le film aurait été bien plus percutant.


Après Seven Sisters (2017), Tommy Wirkola revient dans sa Norvège natale pour nous pondre The Trip, une bobine gentiment méchante mais bien jouissive qui, malgré quelques défauts évidents, est un très bon divertissement. Pas mémorable mais définitivement fun.


Critique originale avec images et anecdotes : DarkSideReviews.com

cherycok
7
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le 28 nov. 2021

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