The Whale, la rédemption d'un homme brisé

Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis le nom de Brendan Fraser associé au nom de Darren Aronofsky, lors de l'annonce de la sortie prochaine de ce film! Le choix de cet acteur, dont la filmographie ne m'avait pas marqué outre mesure, pour tenir la tête d'affiche m'apparaissait comme un choix curieux voire audacieux. Il faut dire que, connaissant l'histoire tragique de cette ancienne gloire d'Hollywood, j'étais impatient de le voir dans un tel rôle qui dénotait avec ceux joués dans ses films passés.

Après visionnage, je peux affirmer que j'ai été très agréablement surpris de The Whale. Pour un film tourné avec un aussi petit budget (3 millions de dollars), le rendu est vraiment intéressant. Aronofsky parvient avec brio à montrer les derniers jours d'un homme atteint d'obésité morbide au sein d'un huis clos saisissant où le spectateur assiste à la dégradation de la santé de ce dernier. En effet, tout au long d'un film de quasiment deux heures, la scène reste la même : celle de l'appartement d'un homme malade, condamné à une mort rapide du fait du mal qui l'atteint. C'est là que réside la force de ce film. Le risque de rester cloîtré au sein d'un même espace est bien entendu celui de l'immobilisme et de l'absence de progression de la narration. Or, ici, c'est tout le contraire qui se passe.

Pendant ces quelques jours où le spectateur suit le personnage principal, il sera possible d'observer que, malgré la déchéance de cet homme, l'ensemble des interactions réalisées avec le monde extérieur lui permettront d'atteindre une forme d'acceptation de la mort voire même de rédemption. Le spectateur comprendra alors que, si ce dernier est dans un tel état physique, ce n'est dû qu'à la perte d'un être cher qui a brisé moralement le personnage. Pour se punir de n'être pas parvenu à sauver l'un de ses proches, inconsciemment ou non, le personnage principal choisit alors de faire subir à son corps cette situation d'obésité morbide.

Ainsi, pendant ses derniers jours, le personnage principal évolue et comprend être passé à côté de plusieurs choses tout au long de sa vie, à commencer par sa fille totalement délaissée depuis son enfance. Or, malgré le caractère difficile de cette dernière, elle reste la bouée de cet homme malade comparé à un cétacé qui lui permet de rester à la surface de l'eau et de ne pas couler définitivement. Ceci prend d'ailleurs la forme d'un poème écrit par cette dernière durant son adolescence qui sera lu et relu par ce père mal-en-point au moment des pics de souffrance liés à sa maladie.

Avant de terminer cette critique, je souhaitais mettre en avant le brio de la qualité d'acting des différents protagonistes. Bien entendu, comment ne pas mettre en avant Brendan Fraser qui joue son rôle à merveille et mérite amplement l'Oscar du Meilleur Acteur pour sa performance exceptionnelle. Le désespoir et la souffrance d'un tel homme brisé sont clairement mis en lumière par la prestation de cet acteur au sein de ce film. A coté de ce dernier, Sadie Sink, campant le rôle de la fille du personnage principal, est également promise à un brillant avenir vu la justesse et l'intensité de l'émotion dégagée par sa prestation. La relation entre les deux acteurs est d'ailleurs très réussie et parvient avec brio à démontrer la complexité de la relation liant, d'une part, ce père rongé par la maladie et la culpabilité et, d'autre part, cette fille souffrant d'avoir été totalement délaissée par ses parents.

Bref, vous l'aurez compris, il s'agit d'un très bon film qui mérite amplement les critiques positives reçues, tant par la qualité de son écriture que par sa réalisation et ses acteurs.

xCiceron
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le 4 avr. 2023

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