Dans le cadre du Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg 2015, hommage fut rendu à Christopher Lee, acteur culte de la Hammer et du cinéma fantastique en général, qui nous a quitté le 7 juin 2015 à l’âge de 93 ans. Et quoi de mieux pour rendre honneur à une carrière de 225 films que de projeter le rôle dont il était le plus fier. Lee incarne ici Lord Summerisle, patriarche de l’île éponyme, endroit où se livrent des cultes païens et même des sacrifices rituels. C’est là que se rend le sergent Neil Howie, informé par lettre de la disparition d’une jeune fille, Rowan. Chaste et puritain, réagissant violemment aux « vices » des habitants du village et soupçonnant la population de cultiver le mystère et les soupçons, il mène son enquête, dans l’espoir que Rowan soit toujours en vie.


L’expression « film culte » sied parfaitement à ce joyau qu’est The Wicker Man. Écrit par Anthony Shaffer et concluant pour le scénariste une trilogie de la manipulation (après Le Limier de Joseph L. Mankiewicz et Frenzy d’Alfred Hitchcock), le film est amputé de plusieurs scènes puis victime d’une mauvaise sortie qui l’empêche de rencontrer son public en 1973. De plus, Rod Stewart, compagnon de Britt Ekland, rachètera les copies du film, au prétexte que cette dernière y apparaît nue… Aujourd’hui, alors que le métrage est encore méconnu en France, il bénéficie d’une aura culte, tant par son sujet et son étrangeté dans le cinéma d’horreur que pour la magnifique musique folk psychédélique de Paul Giovanni.


Unique en son genre et n’ayant aucun descendant direct, The Wicker Man est une des oeuvres les plus étranges et singuliers jamais faits, commençant presque comme un joli film champêtre, chansons populaires (et grivoises) et atmosphère psychédélique à l’appui, il bascule peu à peu dans le mystère pour culminer dans un final grandiose et d’une horreur pure, tout en cultivant (de part l’attitude des habitants de Summerisle) un décalage certain et inhabituel dans le cinéma d’épouvante, faisant naître peu à peu le malaise chez son spectateur.


Portée par l’interprétation tout aussi ambiguë de Christopher Lee dans le rôle le plus atypique de sa carrière, il s’agit d’une véritable perle méconnue du cinéma britannique des années 1970, gagnant au fil des années un culte de plus en plus grandissant, perpétué par un final absolument mythique, dix minutes de folie et d’effroi que vous n’oublierez probablement jamais.


Texte à retrouver sur http://www.critique-film.fr/feffs-2015-jour-5-des-monstres-poilus-et-un-plan-presque-au-poil/

David_Huriot
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le 25 sept. 2015

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David Huriot

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