On ressort de ce Wicker Man estomaqué, essoufflé, les tempes bourdonnantes. Une leçon édifiante, puissante, retournante.
Car si les images sont calmes, nettes et travaillées, si le décor est paisible, naturel ce n'est que pour faire le contre-point à une tension palpable dès les premières minutes, un malaise qui va ne faire que grandir pour s'achever dans un final en apothéose.
Un constable au flegme très british et chrétien particulièrement croyant se rend sur une île pour une enquête. Il découvre rapidement que les habitants en sont des païens de la pire espèce, se vautrant dans la luxure, le stupre et pratiquant des cultes d'un autre âge.
Si le malaise et le danger permanent qui suinte de chaque coin de rue permet de classer dans le genre "horreur", il n'en reste pas moins un thème particulièrement pertinent et sous-jacent qui est celui de la religion. Que peut faire un homme religieux face à une religion différente si ce n'est la rejeter sous le prétexte "qu'elle n'est pas la bonne"? Comment réagir lorsqu'on voit ses valeurs morales piétinées mais que, objectivement, on ne peut rien réellement reprocher voire, pire, on se sent physiquement attiré par cette morale alternative ?
Tout en nous immergeant dans un suspens croissant et à la limite du soutenable, The Wicker Man nous pose ces questions : pourquoi croyons-nous ce que nous croyons ? Qu'est-ce que le bien ? Qu'est-ce que le mal ? Comment peut-on réellement espérer lutter contre la superstition avec une autre superstition ? Et finalement, la folie n'est-elle pas tout simplement un accès de désespoir ?
Un chef d'œuvre envoutant, où les accents britanniques se mêlent à un érotisme chargé de mystère sur de lancinantes musiques et d'où le spectateur ne peut pas sortir indemne.