En 2015 Robert Eggers déboulait dans nos vies avec The Witch, premier film en forme de cauchemar oppressant, entre épouvante et fantastique. Une expérience viscérale, sensorielle et fantasmagorique emplie d'une sexualité réprouvée. On y accompagne une famille isolée dans les terres sauvages de la Nouvelle-Angleterre et prisonnière de la peur de l'autre, de l'entre-soi. De ce postulat Sartrien, Le jeune metteur en scène y appose une ambiance sombre et gothique à la Sleepy Hollow. On s'attend à tout moment à voir débarquer un cavalier sans tête, et c'est finalement la sublime Anya Taylor-Joy qui apparaît. L'actrice crève l'écran, son corps à la peau diaphane se dévoile par degrés et illumine l'obscurité environnante. Comme le phare de The Lighthouse, son film suivant, elle est un refuge pour l'humanité autant que l'objet de sa damnation. Une fascinante et sensuelle sirène qui va entrainer jusqu'en enfer cette famille livrée aux peurs religieuses, égarée dans les limbes de leurs croyances absurdes et menée jusqu'à l'annihilation totale.