The Woman
6.4
The Woman

Film de Lucky McKee (2011)

The woman avait fait pas mal parler de lui à sa sortie, dans la communauté des amateurs de ciné de genre, et c'est pas souvent que j'ai l'impression de pouvoir me fier à un film d'horreur récent, mais là c'était le cas. J'ai acheté le DVD mais ces temps-ci j'ai de moins en moins la motivation de voir des films, alors je me suis forcé. J'ai parcouru les avis sur SensCritique, majoritairement élogieux. Et puis le réalisateur est Lucky McKee, dont j'avais beaucoup aimé May.

Le début est à la fois troublant et intriguant, entre la présentation de cette femme sauvage vivant dans la forêt, et ces scènes de famille où l'on ne comprend pas trop de prime abord les situations et les rapports entre les personnages. On sent quand même que se dégage une thématique, celle de la soumission plus ou moins marquée de la femme à l'homme. Qu'il s'agisse d'une fille persécutée par un groupe de garçons, ou une épouse implicitement aux ordres de son mari.
Cet homme justement découvre la femme sauvage vue précédemment, sur une musique que l'on utiliserait normalement pour une scène de coup de foudre. Sauf que là, la femme lave sa saleté dans la rivière et mord dans du poisson cru. Mais, comme je l'ai remarqué plus tard, la musique est à côté de la plaque tout au long du film.
Le plus étrange peut-être, c'est qu'un effet de fondu fait alterner entre la femme sauvage habillée ou topless, semblant indiquer que c'est ainsi que le père de famille la perçoit (???) Et ce n’était que la première d’une série de scènes involontairement décalées et poussives.
Juste après, il y a cette première scène de classe où une fille répond à toutes les questions de la prof, où j’ai ressenti une gêne à cause du jeu peu naturel mais aussi cette insistance pour nous faire comprendre quelque chose (dans le cas présent, c’est tout simplement que la fille est la "teacher’s pet"). Un défaut qui a des conséquences mineures ici, mais qui mène le film à sa perte car se retrouve aussi dans la façon dont est livré le message au cœur de The woman.

Le père fait ranger la cave au reste de sa famille, pour… y enchaîner la femme sauvage. Puis il la leur présente. Rien que ça, c’est du n’importe quoi complet, je ne sais même pas comment le type a pu s’attendre à une réaction autre qu’un coup de fil à la police ? Bien sûr, il n’en est rien. Il faut le préciser, le film est strictement 1er degré. Et le gore d’ailleurs y fait tâche, il conviendrait mieux dans un film qui se prendrait bien moins au sérieux. Le père se fait bouffer entièrement le doigt, et sa première réaction c’est de foutre juste trois coups de poings à la sauvageonne, puis lui lancer un "c’est pas très civilisé"… véridique.
Et ce n’est pas la seule réplique à être out of this world, on a ce dialogue entre un vieux concierge et cette enseignante, qui s’inquiète pour une des élèves parce qu’elle se comporte bizarrement : elle devrait porter des mini-jupes, comme toutes les filles de son âge, voyons ! Toute la conversation a un côté pervers insidieux, mais la femme conclut d’un "quand j’étais jeune, j’aurais fait sauter votre putain de braguette". Une caractérisation des personnages aussi crédible que dans American pie.

J’ai trouvé des idées intéressantes, notamment par rapport au propos sur la perpétuation de l’irrespect envers les femmes, de père en fils, "don’t do anything I wouldn’t do". Mais au final là encore le message est livré de façon lourde et débile, qui n’est pas sans rappeler Family portraits, qui traitait aussi de dysfonctionnements familiaux.
Je pense que c’est la faut de Ketchum, qui n’est pas du genre à faire dans la légèreté, cf The girl next door qui, rétrospectivement, était bien racoleur.
Et encore, par la suite The woman dégénère complètement, rendant encore plus débile et caricaturale cette dénonciation du machisme, qui devient inefficace en raison des proportions irréalistes qu’atteignent les situations.
J’ai arrêté peu après l’attaque de l’enfant-chien aveugle (non, ceci n’est pas une blague).

The woman est une sombre merde. Il faut regarder de vrais bons films qui s’intéressent aux rapports humains, pour éviter de s’émerveiller devant une bêtise pareille.
Bizarrement, May était un film qui réussissait bien à explorer certaines caractéristiques de l’être humain, en traitant du sentiment de solitude et du besoin d’affection.
Quel gâchis.
Fry3000
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le 4 oct. 2014

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Wykydtron IV

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