The Woman
6.4
The Woman

Film de Lucky McKee (2011)

Lancé par la biais d'un trailer qui en fit immédiatement un buzz-movie, on ne savait pas trop quoi attendre de ce The Woman. On y voyait une famille qui séquestrait une femme sauvage, et tentait de la « civiliser », ce qui avait tout du plot complètement barré dont toutes les issues étaient possibles. En définitive, Lucky McKee, qui réalise en fait la suite de Offspring, un film — assez médiocre — de cannibales, abandonne la carte du torture-porn, qui aurait été trop facile, et en joue une toute autre, nous offrant un spectacle curieux, singulier, complexe, où le gros se situe dans l'observation elle-même et non vraiment l'action. McKee ne s'endort pas non plus, et met en place progressivement un jeu à base d'humiliations, qui ne seront pas sans rappeler Calvaire du réalisateur Belge Fabrice Du Welz.
Cette femme est un monstre, mais malgré sa nature, elle reste une femme, ce que McKee s'efforcera de nous faire ressentir aux travers de regards pleins de souffrance, éveillant chez le spectateur une pitié qui grandira au fur et à mesure du métrage. Afin d'appuyer cette dualité Homme/animal, il en mettra une autre en place, celle des mâles au sein de cette famille, tous puissants, et l'ensemble se lâchera dans un final d'une violence qui contentera les amateurs de viande rouge.

Bref, The Woman est une surprise plutôt étonnante, qui sous des traits racoleurs se montre en réalité bien plus profond qu'il n'y parait. On lui trouvera toutes sortes de ressemblances avec une liste sans fin de films (Calvaire, Make-Out With Violence...) mais pour autant il n'en réussit pas moins à se créer une identité qui lui est propre.
Malgré un budget limité, McKee aura réussit une mise en scène intelligente, avec des plans inspirés et souvent audacieux (le dolly-cam vers la fin fait son effet), et les aspects techniques suivent suffisamment pour éviter que le spectateur n'ait l'impression d'assister à un spectacle bricolé.
En plus de cela la bande-son s'avère elle-aussi judicieuse, soutenant le tout avec brio, et par moment utilisée pour provoquer des contre-pieds étonnants (celle qui accompagne la première vision de la femme, pourtant répugnante, est plutôt celle à laquelle on aurait tendance à penser si l'on voyait Amber Heard à moitié à poils dans une rivière).
Pour conclure, ceux qui pensaient avoir à faire à une production d'horreur ancrée dans le gore et le torture-porn ne seront pas à la bonne, si ce n'est lors de son dernier quart d'heure. En revanche, ceux qui pensent que le cinéma d'horreur peut lui-aussi avoir des choses à dire auront toutes les raisons de succomber aux charmes de l'oeuvre.
Mention spéciale pour Pollyanna McIntosh (Exam, Cadavres à la Pelle), qui incarne la cannibale, et bien qu'elle se taise la plupart du temps, en dit davantage avec ses yeux. On en a encore froid dans le dos.
SlashersHouse
7
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le 30 sept. 2011

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8 j'aime

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