Qingming est envoyé à la cité impériale à la place de son mentor Zhongxing, l’illustre maître Yin-Yang mort au combat. Qingming doit, avec trois autres maîtres, neutraliser le serpent qui y est piégé et maintenir ainsi sa captivité. La rencontre du jeune maître avec deux de ses homologues est plutôt fraîche. Lorsque le quatrième invité est assassiné, la suspicion s’installe, car le tueur se cache forcément parmi eux. Par ailleurs, comment accomplir le rituel pour dompter le terrible serpent avec un membre manquant ?
Guo Jingming est un réalisateur chinois qui s’est fait connaître avec Ice Fantasy et L.O.R.D: Legend of Ravaging Dynasties. The Yin-Yang Master: Dream of Eternity est son dernier film. Il adapte le roman Onmyōji de l’auteur japonais Baku Yumemakura.
The Yin-Yang Master: Dream of Eternity est un film policier. L’enquête, qui occupe la majeure partie de l’histoire, ressemble à du Agatha Christie : il est impossible pour le spectateur de résoudre l’énigme avec les éléments qui lui sont fournis, et l’intrigue est machiavélique. Machiavélique ? Non, plutôt imbriquée et, comme souvent dans les œuvres asiatiques, follement romantique. En effet, les combats et les scènes d’actions, très présentes dans cette œuvre, sont éclipsés par l’histoire d’amour dont le héros n’est pourtant que le spectateur. Lui vivra une magnifique amitié tout aussi touchante que la romance.
Les acteurs occupent des rôles taillés sur mesure. Mark Chao, qui avait déjà incarné avec brio Di Renjie dans la série des Young Detective Dee, se régale visiblement avec son personnage d’analyste confis dans sa suffisance. En effet, il parvient à rendre son rôle, pourtant bouffi d’orgueil, immensément sympathique. Deng Lun, de dix ans son cadet, n’a joué que dans des drama. Pourtant, et bien que ce soit son premier film, il s’en sort très bien dans son rôle de guerrier constipé. D’ailleurs, son jeu rappelle un peu celui de Deng Chao campant Cold Blood dans les excellents films The Four. Les autres acteurs sont tout aussi compétents, en particulier l’ambiguïté désespérée de Wang Ziwen. Une belle équipe d’artistes, donc.
Visuellement, la production n’a pas lésiné sur les moyens. Les images sont époustouflantes, mais elles sont surtout très bien composées. Guo Jingming confectionne de véritables tableaux à la poésie émouvante. Contrastes, notamment au niveau des couleurs, tons d’ambiances, plans et prises de vue, le réalisateur déchaîne son talent pour offrir une succession de scènes éblouissantes.
Par ailleurs, il faut préciser qu’en Chine, les romances homosexuelles sont illégales. Ainsi, elles sont souvent camouflées en tendres amitiés. L’orientation sexuelle de Guo Jingming est facile à deviner à partir de ses frasques juridiques, et explique dès lors le lien si fort qui unit Qingming et Boya, ainsi que le final si touchant. L’amour reste magnifique, quel que soit sa forme.
The Yin-Yang Master: Dream of Eternity est un grand film fantastique qui brille dans le cinéma chinois. Il est à savourer sans modération, car il regorge de bons sentiments. Et ça, c’est rare.