La force de Thelma & Louise tient évidemment dans son duo d’actrice, magnifique composition de portraits féminins, chacune possédant ses subtilités. Geena Davis joue la plus jeune des deux, un brin excentrique et insouciante au quotidien (d’où une pêche d’enfer et une certaine hésitation devant le pessimisme de certaines situation) ; Suzan campe la plus âgée, beaucoup plu pragmatique et femme d’expérience, qui n’a perdu ni son sourire ni son humour. Un parfait couple d’amies pour traverser ce film qui demeure un beau portrait de femmes, souvent confrontées à des hommes aux caractères… variables. Si on ne se contente de pas plus de deux portraits féminins (exception faite de la caissière du bar), ce sont les personnages masculins qui défilent, pour le meilleur et surtout le pire. Michael Madsen et Harvey Keitel campent clairement les bons, ceux qui en ont encore quelque chose à foutre, et qui, par amour ou par respect, veulent encore aider nos personnages dans le destin vers lequel elles s’orientent. Madsen, en compagnon de Louise, trouve ici un de ses rôles les plus attachants, jouant habilement sur la violence pouvant émaner de son personnage pour exprimer la rage de sentir que l’être aimé s’éloigne. Keitel est lui plutôt dans une optique de limiter les dégâts, l’addition ne cessant de s’accroître au fur et à mesure que progresse le film. Film qui parvient d’ailleurs à enfreindre les lois avec jubilation, au cours de séquences cultes qui déclenchent souvent l’hilarité. Thelma & Louise est indéniablement une comédie culte, dans la façon qu’elle a de railler la misogynie avec une effronterie jubilatoire, et de laisser tous les hommes (toutes les forces de police sont des hommes) sur le carreau. Impossible de ne pas mentionner le mari de Thelma, parfaite incarnation du beauf suffisant qui déclenche l’hilarité à chaque fois qu’il apparaît à l’écran tant il se ridiculise à chaque intervention. A toutes les étapes de l’histoire, il baisse encore davantage dans notre estime, avec un point culminant pour le coup de téléphone (« Salut Thelma ! » avec Thelma qui raccroche immédiatement), où il passe pour un abrutit devant les policiers et la gente féminine. Merveilleux ! Et ses petits ricanements de chieur né déclencheront aussi leur dose de fou rire. S’attachant donc à montrer une force masculine figée de surprise devant des femmes lambda qui se transforment en quelques jours en meurtrières en fuite, Thelma & Louise avance sans s’arrêter avec un sentiment de liberté totale, une euphorie qui jusqu’au dénouement refuse de mourir, préférant terminer en feu d’artifice ce qui aurait pu devenir cruellement plombant. Petit oubli, Brad Pitt vient y jouer un rôle secondaire d’ordure à belle gueule qui vient apporter sa pierre à la description du genre masculin. Vivifiant d’un bout à l’autre, ce cru de Ridley Scott, plus sobre qu’à l’accoutumée, est un monument dans la filmographie de son auteur et se doit d’être visionné.

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le 26 janv. 2014

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Voracinéphile

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