À une époque où la condition de la femme – hélas toujours notoirement inférieure à celle de l'homme – prend autant de place dans les journaux, il peut s'avérer utile de se rappeler l'existence d'un film comme Thelma et Louise car, dans les grandes lignes, il cristallise avec 20 ans d'avance les préoccupations actuelles. Encore qu'il semble plus juste de considérer ces dernières comme persistantes depuis trop longtemps puisque le discours qui sous-tend ce film résonne, et avec raison, depuis un demi-siècle au bas mot : en fait, Thelma et Louise soulignait surtout en son temps l'échec que connut le féminisme pour se faire entendre de l'audience masculine – ou du moins d'une part de celle-ci.


Si certains n'hésitent pas à dire que la faute de cet échec revient à une méthode de protestation qui s'est affirmée bien trop bruyante pour ne pas lasser, il semble néanmoins assez juste de dire aussi que les choses ne changent pas du jour au lendemain et que les mentalités évoluent moins vite que les lois. Toutes mes excuses pour enfoncer ainsi une porte aussi grande ouverte mais le rappel me semblait pertinent. Ce qui n'empêche nullement Thelma et Louise de s'afficher en bonne place dans la liste des films culte, en particulier pour l'ode qu'il fait à la liberté et à l'accomplissement de soi – deux thèmes qui, soit dit en passant, restent assez sous-jacents de celui du féminisme déjà mentionné.


Mais on y trouve aussi un voyage à travers les plaines de l'Ouest américain, de toute évidence encore un peu sauvages, qui prend assez vite des allures de « chevauchée fantastique » et croise au moins un autre mauvais genre, le polar, tout en flirtant avec la comédie pour mieux faire avaler la pilule du drame ici joué. Et puis c'est surtout l'histoire d'une amitié entre deux femmes dont on ne sait plus laquelle joue le rôle de Bonnie et laquelle celui de Clyde : peut-être se le partagent-t-elles après tout...


Si Thelma et Louise s'affirme encore et toujours comme un film tout à fait actuel, il reste aussi un récit admirablement orchestré où, dans le très court instant qu'il suffit à une balle pour jaillir du canon d'un revolver, le quotidien le plus banal bascule soudain dans une odyssée dont on ne revient pas entier.


Récompenses :



  • Oscar du cinéma : Meilleur scénario original (Callie Khouri)

  • Golden Globes : Meilleur scénario (Callie Khouri)

  • David di Donatello : Meilleure actrice étrangère (Geena Davis) & Meilleure actrice étrangère (Susan Sarandon)

LeDinoBleu
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Sans titre, la liste détestée..., Polar, Top 50 films Polar et Les meilleurs films de Ridley Scott

Créée

le 2 sept. 2011

Critique lue 700 fois

10 j'aime

2 commentaires

LeDinoBleu

Écrit par

Critique lue 700 fois

10
2

D'autres avis sur Thelma et Louise

Thelma et Louise
Gand-Alf
9

Deux rouquines en cavale.

Alors qu'il peine à s'extraire du carcan du cinéma de genre à qui il a donné certains de ses plus beaux représentants ("Alien", "Blade Runner", "Legend"...), le cinéaste Ridley Scott va enfin...

le 5 juil. 2014

73 j'aime

6

Thelma et Louise
Sergent_Pepper
5

Chicks and run

Il en va du vieillissement des œuvres comme de celui des personnes : la question n’est pas tant de savoir si l’on vieillit bien ou pas, mais plutôt d’accepter l’idée que l’âge accroît la les défauts...

le 5 févr. 2019

63 j'aime

16

Du même critique

Serial Experiments Lain
LeDinoBleu
8

Paranoïa

Lain est une jeune fille renfermée et timide, avec pas mal de difficultés à se faire des amis. Il faut dire que sa famille « inhabituelle » ne lui facilite pas les choses. De plus, Lain ne comprend...

le 5 mars 2011

45 j'aime

L'Histoire sans fin
LeDinoBleu
8

Un Récit éternel

À une époque où le genre de l’heroic fantasy connaît une popularité sans précédent, il ne paraît pas incongru de rappeler qu’il n’entretient avec les légendes traditionnelles qu’un rapport en fin de...

le 17 août 2012

40 j'aime

Capitaine Sky et le Monde de demain
LeDinoBleu
8

Pulp (Science) Fiction

La science-fiction au cinéma obtient rarement l’assentiment des amateurs du genre dans sa forme littéraire, parce que cette dernière privilégie les idées et les émotions au spectaculaire et aux...

le 31 juil. 2011

33 j'aime

8