Petite bobine méconnue mettant une fois de plus en scène Anthony Wong dans le rôle d’un psychopathe, 3 Days of a Blind Girl a été classée Catégorie Iia lors de sa sortie mais aurait pu mériter une classification Cat III. Nous ne sommes pas ici dans l’extrême, avec des images chocs, à la façon de Untold Story, Ebola Syndrom ou encore Red to Kill, Nous sommes plus dans un thriller avec du suspense et toutes les scènes qui pourraient être extrêmes ne sont pas montrées à l’écran. Pas ou peu d’images graphiquement lourdes ici, mais plus un film qui va jouer sur la violence psychologique et que certains considèrent comme la version made in Hong Kong du Seule dans la Nuit (1967) de Terence Young avec Audrey Hepburn. Une jolie référence pour ce qui reste malgré tout un film mineur dans le cinéma de Hong Kong. Pourtant, 3 Days of a Blind Girl mérite qu’on s’y intéresse et mérite de sortir de son anonymat.


Le film commence tout gentiment, avec un mari qui taquine sa femme, un moment de tendresse, une petite musique toute mignonne. Puis rapidement, une ambiance bien plus lourde va se faire sentir, d’abord par la musique, puis avec l’arrivée d’Anthony Wong. Là, au bout de quelques minutes, 3 Days of a Blind Girl semble suivre la formule du film d’exploitation, avec une scène en apparence gratuite dans laquelle le personnage de Veronica Yip, temporairement aveugle, va prendre une douche, filmée sous tous les angles, sans savoir que le personnage d’Anthony Wong se trouve également dans cette douche, nu. Va suivre une autre scène dans laquelle ce dernier va forcer la demoiselle à manger un steak de chien. Mais ces deux scènes semblent être là pour tromper le spectateur car le film va très rapidement préférer laisser parler les performances de ses acteurs plutôt que de jouer la surenchère de sexe et de violence. Le spectateur se voit « forcé » de plonger dans l’histoire elle-même plutôt que de ricaner sur des scènes gratuites tout en attendant patiemment que la suivante arrive. Le réalisateur Chan Wing-Chiu, également acteur à ses heures perdues, prend le temps de mettre en place son ambiance et soigne ses plans, s’inspirant parfois d’autres films (il y a du Psychose, du Misery et du Shining dans son film) pour essayer de donner un rendu un peu moins plat à ce home invasion se déroulant exclusivement dans une grande maison. Le travail sur la photographie est à saluer, tout comme le travail avec la caméra pour faire ressentir au spectateur de la tension. Certes, l’histoire assez simple n’a pas une réelle profondeur, mais elle surprend parfois au niveau de son scénario qui au fur et à mesure qu’il enferme le personnage de Veronica Yip dans les griffes de celui d’Anthony Wong, va nous dévoiler petit à petit les raisons qui ont poussé ce dernier à partir en vrille de la sorte.


3 Days of a Blind Girl va d’ailleurs reposer quasi exclusivement sur ce duo de personnages grâce aux performances des acteurs qui les interprètent. Veronica Yip, toujours aussi superbe, est de toutes les scènes et s’en sort réellement bien dans un rôle pas forcément facile, jouant avec beaucoup d’émotions et d’authenticité. Elle est incroyablement sexy tout le long du film, qu’elle soit en jupe courte, robe bustier, la sueur sur sa poitrine. Pas besoin de la dénuder pour sentir tout le potentiel érotique de l’actrice. Face à elle, le monstre de Hong Kong Anthony Wong, tout aussi convaincant dans un rôle dans lequel il est à l’aise, une fois de plus habité par son personnage, capable de tout jouer, passant d’une tête de bouffon à un regard de psychopathe en une fraction de seconde. Il est une fois de plus affublé d’une dégaine pas possible, chemise à carreau de bucheron, short vert tenu par des bretelles, coupe de cheveux permanentée. Malgré l’intervention de temps à autres d’autres personnages, le plus souvent d’autres réalisateurs venus faire des cameo ou des petits rôles (Jamie Luk, Alfred Cheung, Fruit Chan, le réalisateur du film lui-même), le film est vraiment centré sur le duo Yip / Wong, et va faire monter la tension, d’abord via de la violence psychologique, avec un séquestration, torture mentale, puis dans son dernier acte avec de la violence physique lorsque la bobine va virer au slasher dans sa dernière partie. Dommage que le plan final sente un peu trop le féminisme forcé et ne serve strictement à rien car 3 Days of a Blind Girl est une très chouette surprise à défaut d’être un grand film.


Bien que relativement méconnu jusque dans les rangs des amateurs de péloches HK, 3 Days of a Blind Girl est un très sympathique thriller mâtiné de slasher avec un duo Anthony Wong / Veronica Yip qui porte le film sur ses épaules.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-3-days-of-a-blind-girl-de-chan-wing-chiu-1993/

cherycok
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le 20 oct. 2022

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