"Remember that time is money" - Benjamin Franklin
NOTE : Si vous n'avez pas vu ce film ne lisez pas cette critique qui vous spoilera obligatoirement, car c'est un film à voir sans rien en savoir.
"Le temps c'est de l'argent"...outre le fait d'être un adage de plus en plus vérifié par nos patrons et nos politiciens (vous savez, ces gens qui nous demandent de travailler toujours plus longtemps pour qu'ils gagnent toujours plus que nous - une pensée anticapitaliste? attendez la suite), c'est ici l'idée directrice de tout le film.
Le scénario part de ce constat : Nous sommes en 2161. Le corps humain arrête de vieillir à 25 ans mais pas l'être, qui lui peut vivre une éternité, à condition d'avoir du "temps", qui est devenu la seule monnaie ayant cours. A partir d'une sorte de "compteur de vie" dans l'avant bras, une année est créditée à chacun à partir de ces fameux 25 ans de vie. L'Homme doit ensuite gagner du "temps" de vie en travaillant, ceci afin de survivre car si le compteur tombe à 0, c'est la mort immédiate et de plus, chaque paiement est prélevé sur son "compteur de vie".
Une idée simple mais efficace. Même si le scénario prend des facilités, comme le fait de ne donner aucune explication sur le pourquoi du comment se fait-il que tout le monde naisse avec un chronomètre dans le bras et arrête de vieillir à 25 ans (la seule explication donnée est le classique "ça a toujours été comme ça aussi loin que l'Homme se souvienne")
En dépit du manque de profondeur sur ce point donc, je trouve l'idée très intéressante et assez rafraîchissante. Que feriez-vous si vous naissiez dans un ghetto avec seulement 1 an à vivre au compteur, des factures à payer et des petits boulots qui ne rapportent presque rien en temps de vie - en gros, si chaque matin vous n'aviez plus que 24h à vivre et qu'il vous fallait gagner les 24h de vie pour le lendemain...
En mettant de côté le scénario, le film est assez classique dans le registre science-fiction, avec les gadgets futuristes classiques, le côté flamboyant des décors (chez les riches du moins) et les scènes d'action sont distillées à juste mesure.
Du côté des acteurs, Justin Timberlake fait bien le boulot, la potiche fait la potiche comme on peut s'y attendre, le flic inébranlable est bien interprété et le riche est classique. Point noir pour Olivia Wilde, qui ne sert strictement à rien (sauf ajouter son nom à l'affiche) et dont même la mort prématurée est minable. Elle se complaît décidément dans les rôles pauvres (Tron, Cowboys & envahisseurs...)
Revenons au scénario, qui fait la part belle à l'anticapitalisme. Ce film est quasiment une apologie du communisme, c'est un Robin des bois futuriste. Car notre héros va tout au long du film s'escrimer à prendre du temps aux riches pour le distribuer aux pauvres. Classique mais le contexte rend la chose prenante.
Il est encore une fois dommage que les idées à long terme ne soit qu'effleurées (si plus personne ne meurt car tout le monde à du "temps de vie", que va-t-il se passer ?) pour laisser la place à une idylle (décidément présente dans 101% des films hollywoodiens depuis l'invention du cinéma) entre le héros pauvre et la fille riche (bombasse évidemment,et ses tenues sont vraiment ridiculement courtes), fille de l'homme le plus riche du monde, comme par hasard.
Un autre point qu'il est vraiment dommage de ne pas avoir travaillé en profondeur est les "gardiens du temps". Cette police du futur qui s'assure que le temps n'est pas volé (et accessoirement que les classes sociales restent inchangées) aurait mérité d'être développée sur le fond, plutôt que d'être utilisée comme simple "ennemis implacables du héros".
Ajoutons à cela la fin évidemment heureuse (pas besoin de préciser SPOILER vu que plus aucun film américain n'a pondu de fin sans happy end depuis 1984) et on se dit finalement que ça fait beaucoup de reproches pour un 8/10.
Certes, mais malgré tout cela la mayonnaise prend et on est happé par ce scénario peu commun qui vous scotche à l'écran. Un film qui se vit.
Recommandé chaudement.
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