(attention, spoilers à la pelle) Il faut donc attendre 1H30 (soit plusieurs mois dans la vraie vie du film) avant que ces deux diablotins se fassent renvoyer manu militari dans leur secte (pardon, leur couvent). Quand 99% des couples auraient sans hésiter trucidé eux-même (et dans la joie) nos deux petites grenouilles de bénitier au bout de 24h (dans notre vraie vie à nous). Cela en dit long sur la suspension d'incrédulité qu'exige de nous Tin & Tina : tout est téléphoné (qui n'a pas deviné, dès l'apparition du chien, qu'il allait se faire buter ?), parfaitement improbable (qui aurait envie, même anéanti par le chagrin, d'adopter ces deux têtes à claques endoctrinées juste parce qu'elles nous infligent une petite mou offensée ?), et dès lors, c'est à dire après environ dix minutes, il devient impossible de s'immerger dans l'univers de Rubin Stein, à la frontière entre la comédie (parfois assumée, souvent involontaire) et le film d'épouvante.
C'est dommage car les thématiques abordées sont fortes (les dérives sectaires de la religion, les conséquences désastreuses de l'éducation positive, féminisme...). Mais on ne peut pas en préambule insulter l'intelligence de ses spectateurs (et celle des protagonistes de son film, entre le gros beauf pilote et la nunuche sans autorité) pour ensuite espérer lui faire avaler pilule (ou poudre anti-rampants, au choix) sur pilule ; quand bien même celles-ci seraient à même de purger notre âme avide de perversité cinématographique. De ce côté là, prions plutôt ensemble pour que Christian Tafdrup, l'auteur de Speak No Evil, enfante rapidement un nouveau petit chef d'oeuvre.