Premier long-métrage de l'ancien journaliste TV Bernard Rapp, "Tiré à part" offre plutôt un bon moment, mais au vu des notes très encourageantes, j'avais espéré mieux, tant les défauts et maladresses sautent aux yeux.


Corollaire d'un film très bref (1H15), les personnages sont présentés de manière très rapide (hormis peut-être le héros, un éditeur anglais flegmatique incarné par Terence Stamp), donnant assez vite l'impression d'un récit superficiel.


"Tiré à part" est l'adaptation d'un roman, dans lequel les protagonistes ont forcément eu droit à un traitement plus approfondi : en l'état, l'enchaînement des évènements apparaît artificiel, chaque personnage secondaire étant réduit à sa fonction dans l'histoire.
Par conséquent, la totalité de l'épisode tunisien, et plus particulièrement le personnage d'Amira Casar, semble dérisoire et dénué de substance.


Le personnage de l'écrivain, quant à lui, souffre non seulement d'être taillé à la serpe, cumulant tous les défauts (cynique, égoïste, vénal...), mais aussi de l'interprétation parfois outrancière (lors du procès, notamment) de Daniel Mesguich, comédien de théâtre qui hérite exceptionnellement d'un rôle important au cinéma.


Dernier reproche : pour un récit qualifié de "policier", le film de Rapp ne joue pas suffisamment la carte du mystère, puisqu'on assiste à une manipulation linéaire et prévisible de bout en bout.


Et pourtant, en dépit de tous ces défauts, "Tiré à part" offre un spectacle agréable, grâce notamment à sa tonalité british très marquée, une particularité toujours revendiquée par son auteur. Ainsi, les relations du héros avec sa secrétaire d'origine écossaise, ou avec son compagnon de club, accessoirement espion au service de la Couronne, se révèlent particulièrement savoureuses, sous le signe de l'humour et de l'élégance.


D'autre part, on se régale du regard satirique porté par Bernard Rapp sur le petit milieu endogène de l'édition, illustré par les personnages de l'éditeur français avide de prix littéraires (Jean-Claude Dreyfus) et de la critique américaine à la langue de vipère (Maria de Medeiros).


Signalons enfin la mise en scène soignée du réalisateur débutant, à l'image de la photo et de la musique agréables, contribuant à permettre à ce premier film singulier et bancal de jouir d'un succès d'estime inattendu auprès des cinéphiles.

Val_Cancun
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le 6 oct. 2018

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