"Plutôt mourir que grossir"

Voilà, si l'on devait résumer très grossièrement, la pensée d'une personne atteinte de TCA (Trouble du Comportement Alimentaire) et plus particulièrement d'anorexie mentale.

Ellen, protagoniste de ce long-métrage, combat difficilement cette maladie. Elle accepte d'être suivie par un médecin dont les méthodes diffèrent de celles qu'elle a pu connaitre précédemment.

L'interprétation de Lily Collins est irréprochable, elle a su donner au personnage une profondeur permettant d'émouvoir le spectateur : des doutes au cynisme en passant par l'euphorie ou l'amour, le ton est toujours juste. Les personnages secondaires, dont Keanu Reeves, apparaissent convaincants mais ne sont pas transcendants. La bande son est certes discrète mais efficace. Concernant la mise en scène, c'est là que le bât blesse, le film fait preuve d'un classicisme regrettable. La réalisation est lisse et sans aucune prise de risque. La forme n'est clairement pas à la hauteur du fond.

En effet, rares sont les films pouvant se targuer de mettre sous les feux des projecteurs des mal-êtres si faussement connus du grand public. A la manière de la série 13 Reasons Why, cette oeuvre apparaît comme un coup de pied dans la fourmilière. Preuve en est : nous sommes mis face à cette pathologie sans concession, le réalisme est de mise, rien n'est épargné : l'incompréhension et le mépris des proches, les corps mutilés, la solitude des malades ou encore les rechutes régulières.
L'encart apparaissant au début et mentionnant le fait que d'anciens patients ont apportés leurs témoignages renforce cette idée de réalisme. D'autant plus que la réalisatrice Marti Nixon ainsi que l'actrice principale ont avoué toutes les deux avoir vaincu ces mêmes démons dans leurs jeunesses.

En résulte une œuvre nécessaire, permettant de mieux comprendre les tenants et les aboutissants de l'anorexie, une œuvre crue et poignante, une œuvre bienveillante et porteuse d'espoir pour tous ceux dévorés par ces souffrances.