Tokyo Godfathers par batman1985
Bien après Perfect Blue et Millenium Actress qui touchait un public plus restreint, les fanatiques de l'animation japonaise, à cause d'un scénario beaucoup plus compliqué et qui fermait la porte à un grand public, Kon met son talent cette fois-ci à disposition de tout le monde en réalisant un véritable petit conte de Noël.
Ce revirement de la part de ce grand réalisateur de l'animation japonaise a dû en surprendre plus d'un. Son film est léger, il y a pas mal de petites touches d'humour pour détendre une atmosphère qui à la base n'est pas joyeuse (trois clodos qui vivent dans un carton en hiver, ça n'a absolument rien de drôle) ou encore un scénario simpliste pouvait décevoir tous les fans du monsieur, habitués à une qualité visuelle déjà bonne mais qui s'améliore avec le temps (Paprika en est le meilleur exemple) et à des scénarios plutôt tordus. Fort heureusement, si on est quelque peu surpris au début, la mécanique fonctionne dès le début.
Comparé sur la pochette du DVD à La vie est belle de Frank Capra, on peut résumer à cela la philosophie du film. Chacun des trois personnages possède un secret qu'il ne vaut mieux pas trop dévoiler. Chacun ayant connu des ennuis qui les ont poussé à vivre à la rue. Ils connaissent entre eux des tensions, jusqu'à ce qu'un événement particulier va véritablement les obliger à s'entendre. Un bébé trouvé dans un tas d'ordures. Les trois personnages vont alors se mettre à la recherche des parents de l'enfant.
Une nouvelle fois, on peut être totalement décontenancé par ce scénario qui ne fait pas véritablement appel à nos neurones comme le faisait autrefois Satoshi Kon. Ici, ça ressemble plus à une enquête policière menée par trois SDF. C'est assez drôle, quelques répliques sont véritablement bien trouvées et petit à petit on se laisse embarquer dans le scénario. Cependant, ce n'est pas que de l'humour. Le film propose une véritable philosophie, avec un script peut-être un peu trop cliché, sur le fait que la vie est belle, que tout autour de vous il y a de l'amour, que quelque soit vos erreurs, on peut vous les pardonner. Et c'est la nuit de Noël que les protagonistes vont vivre ce genre de choses. C'est une période de l'année qui inspire mais tout de même, c'est comme-ci on faisait tous les films d'amour à l'époque de la Saint-Valentin ou les films d'horreur ne tournerait qu'autour d'Halloween.
De plus, la qualité visuelle du film est très jolie. Quelques images sont vraiment somptueuses. Si la 3D permet des effets intéressants, le dessin traditionnel conserve énormément de charme et ce n'est pas Tokyo Godfathers qui fera dire le contraire. Bien sûr, on se sent directement dans un dessin japonais par les dessins, certaines situations qui sont propres à l'humour nippon,... Cela freinera probablement les plus fervents adeptes de dessins animés américains.
Si ce film semble en aspect très différent de ce que le réalisateur a créé auparavant, il reste toutefois assez fidèle à son thème qui s'intéresse à l'humain et au dédoublement de la personnalité. Moins prononcé que pour Perfect blue ou, plus tard, Paprika, il n'en reste pas moins présent. En effet, les trois protagonistes cachent en eux quelque chose de secret et joue par rapport aux autres une sorte de double-jeu. Ceci dit, ça reste en surface pour ne pas que ça devienne trop compliqué, puisque ce japanimé est quand même destiné à un très large public. Léger peut-être mais qui s'inscrit parfaitement dans la filmographie de Satoshi Kon, qui démontre qu'il peut également réaliser des oeuvres pour un plus grand public.