Dans la série des titres racoleurs et à rallonge, voici (attention, respirez bien fort !) « Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave ». L’histoire d’un coupe sordide vivant dans un château vieillissant. Jusqu’à ce qu’un tueur ne commence à s’activer dans les parages.

Je dirais que le film se déroule en trois temps. La première partie, une série de tueries sympathiques, où comme d’habitude dans le giallo, l’enquête policière passe complètement à l’arrière-plan. Et semble peu inquiéter les protagonistes (mais oui ma jolie nièce, vient donc passer quelques jours chez nous alors qu’un tueur rôde dans les parages et s’attaque aux jeunes femmes !).

Une fois l’enquête évacuée assez brutalement, on laisse place à la seconde partie, une sorte de thriller psychologique au sein d’un couple vicelard.

Et puis vient le dernier morceau, un dénouement musclé où s’enchaînent les coups fourrés, dévoilant que ce que l’on croyait les plus pourris n’étaient pas forcément les plus malfaisants. Avec en prime une adaptation/trahison d’un nouvelle d’Edgar Allan Poe.

Le scénario n’est pas toujours des plus rigoureux, gardant un aspect brumeux propre à de nombreux gialli. La mise en scène de Sergio Martino est inégale, mêlant bonnes idées et réalisation fonctionnelle. Avec des micro-inserts percutants. Des couleurs jaunâtres pas très esthétiques, mais qui traduisent aussi l’état d’esprit des personnages. Une grosse dose d’érotisme, que semble privilégier le réalisateur par rapport aux exécutions relativement rapides pour le genre. Et quelques touches typiques du cinéma italien de l’époque, notamment ces zooms/dézooms vifs.

A noter aussi, l’étrange temporalité que se donne le film. Il est clairement situé dans les 70’s, mais le couple a une voiture des années 40/50, et vit dans un vieux château, ce qui donne régulièrement l’impression de regarder un film d’époque.

Néanmoins, l’intérêt principal du film, ce sont ses personnages. Avec son allure crasseuse, Luigi Pistilli convient à merveille à ce rôle d’écrivain alcoolique. Qui passe son temps à mépriser et cogner sa femme, quand il ne la viole pas… où quand il ne cherche pas à coucher avec sa nièce (!). Un protagoniste vicieux à souhait, qui donne du corps à ce giallo tortueux.

A côté, la distribution féminine est sculpturale, comme souvent. Et sera évidemment mise à profit dans les passages érotiques. Anita Strindberg en épouse à bout de nerfs. Ou Edwige Fenech en nièce trouble, qui n’a pas froid aux yeux… Chose peu étonnante, Fenech aura par la suite une carrière dans les comédies érotiques italiennes.

A l’arrivée, « Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave » est pour moi un giallo intéressant et appréciable, mais qui ne tutoie pas les sommets du genre, contrairement à ce que sa réputation flatteuse laisse penser.

Redzing
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le 1 sept. 2023

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