Toolbox Murders
4.7
Toolbox Murders

Film de Tobe Hooper (2004)

Il y a deux sortes de films découverts à l'adolescence : ceux que l'on trouve géniaux car ils correspondent pleinement à la maturité du moment (et qui peuvent s'avérer nullissimes lors d'un nouveau visionnage à l'âge adulte) et ceux que l'on trouve directement nuls et face auxquels l'on passe à côté de l'essentiel, toujours à cause de cette histoire de maturité, puis qui s'avèrent très intéressants à la revoyure. Pour ma part, le Toolbox Murders de Tobe Hooper fait partie de cette seconde catégorie. Découvert à l'âge de 13 ou 14 ans, je n'avais ni saisi l'hommage envers une époque hollywoodienne révolue, ni le subtil humour (très) noir qui parsème le long-métrage.

Œuvre de commande, Toolbox Murders devait être à l'origine un remake du film éponyme réalisé par Dennis Donnelly en 1977. Peu intéressés à réitérer ce qui a déjà été fait par le passé, les scénaristes Jace Anderson et Adam Gierasch optent pour une approche plus fantomatique afin de développer le tueur qui hante cette nouvelle version. À mille lieues de l'étude psychologique du film original, ce faux remake reste bien plus un hommage à The Shape de la franchise Halloween qu'à un pur psycho slasher dans la veine de Pyromaniac ou de Maniac.

Aménageant dans une résidence insalubre de Los Angeles, un jeune couple est troublé par l'étrange atmosphère qui règne dans les lieux. De plus, des bruits aussi fréquents qu'intrusifs semblent provenir des cloisons de leur vieil appartement mortifère...

Doté d'un maigre budget mais élevé par un efficace casting (Angela Bettis, Juliet Landau, Sheri Moon Zombie ou encore le vétéran Rance Howard), Toolbox Murders mixe avec pertinence le slasher et le drame social en abordant le thème de la désillusion hollywoodienne comme l'avait démontré John Schlesinger avec Le Jour Du Fléau, superbe adaptation du roman L'Incendie De Los Angeles, rédigé en 1939 par Nathanael West.

Décrépitude des lieux et désespoir des êtres se conjuguent ainsi au cœur d'un décor naturel (en l’occurrence le célèbre hôtel Ambassador où Robert Kennedy fut assassiné et qui devint ensuite un épicentre culturel qui favorisa les tournages de clips musicaux et de plusieurs centaines de longs-métrages). Entre les lignes du script, les rêves de succès avortés hantent considérablement Toolbox Murders qui dresse un portrait sans concession de l'hypocrite American Dream et des drames qui en découlent. À l'instar du propriétaire de l'immeuble incarné par l'impeccable Greg Travis, fier de résider dans l'ancien appartement d'Elizabeth Short, surnommée Le Dahlia Noir suite à son horrible assassinat. Faits divers réels et fiction se lient ainsi dans une sorte de ghost story sociétale où les meurtres parfois inventifs sont perpétuellement saupoudrés d'une forte dose d'humour noir dont Tobe Hooper était un incontestable spécialiste.

Brillante plus qu'effrayante, l’œuvre endure une excessive mauvaise réputation de la part des adeptes de cinéma horrifique qui ne trouvent certainement pas leur compte en matière de terreur et de gore. Mais bien plus subtil qu'il en paraît, l'effroi reste omniprésent face à l'agonie des rêves et de tout espoir au sein d'un système hollywoodien symbolisé ici par la putréfaction de cadavres. Ah, sacré Tobe, tu nous manques ! ^^

candygirl_
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2004

Créée

le 31 oct. 2023

Modifiée

le 30 nov. 2024

Critique lue 69 fois

5 j'aime

16 commentaires

candygirl_

Écrit par

Critique lue 69 fois

5
16

D'autres avis sur Toolbox Murders

Toolbox Murders
Antropophagus
8

Le dernier (très) bon film de Tobe Hooper

Vu après la guerre et j’ai adoré, je ne me suis pas ennuyé une seconde, les personnages sont croustillants, juste clichés comme il faut sans être ridicules. Le tueur tout particulièrement est aussi...

le 15 janv. 2022

2 j'aime

Toolbox Murders
CritiqueOne2
6

La Malédiction d'un Immeuble à Hollywood.

Remake, réalisé par Hooper en numérique sphérique panavision avec un budget minuscule, dédié vidéo. La boîte à outils des meurtres commence par la découverte d'un grand immeuble vétuste et...

le 7 juil. 2024

1 j'aime

Toolbox Murders
Les-Oublies-du-cinem
7

Le pire hôtel que l'on puisse voir

Toolbox murders (2004)Quand on voit l'état de l'appartement, cela provoque quelques frayeurs.Difficile d'imaginer que entre ses murs puisse se cacher un tueur.Peut-être qu'un hôtel aurait était...

Du même critique

Voleuses
candygirl_
5

French Cat's Eye

Adaptation filmique de la BD franco-belge La Grande Odalisque, elle-même très inspirée par le manga Cat's Eye, Voleuses est un divertissement made in France qui vise essentiellement le grand public...

le 1 nov. 2023

29 j'aime

2

Nosferatu
candygirl_
8

Seigneur et saigneur

Dans une vieille interview, Terence Fisher affirmait que la principale origine du vampire dans la culture occidentale remonte à l’apparition du serpent qui, dans la Bible, tente Ève et lui fait...

le 26 déc. 2024

19 j'aime

6

Mickey 17
candygirl_
6

Mickey, Donald... et Kekius Maximus

Libre adaptation du roman Mickey7 d'Edward Ashton, Mickey 17 est une farce SF et politique qui mixe plus ou moins Nausicaä De La Vallée Du Vent (Hayao Miyazaki - 1984) à Starship Troopers (Paul...

le 5 mars 2025

12 j'aime

2