On peut s'attendre à découvrir un truc sentimental ou un peu mélo qui aurait eu du succès chez les scandinaves : faute (d'ailleurs sauvez-vous, dirigez-vous immédiatement vers After the wedding) ! C'est le premier long d'une française d'origine danoise, dont le dernier, L'Avenir avec Huppert, apportait déjà les indications nécessaires (enfin on y traverse le vide mais il s'y trouve des humains supportables ou significatifs). Sauf que c'est bien pire. Si la nuance entre rien et Sans un bruit est infime (mais lui tente, est déjà à des années-lumières !), alors que dire de ce cinéma, qui lui n'essaie même pas de s'en tirer – au contraire, il y fonce avec envie !


Manifestement la réalisatrice est très aimante et très émue par les personnages (notamment ce père qui ressemble à un mélange de fillette mielleuse et égocentrique, d'un écrivain mondain se prenant pour un maudit dandy à ses heures perdues, d'un militant 'physique' du Parti Socialiste), également par les scènes de vie random, le souffle du vent, la caresse de la lumière et toutes les sornettes unissant les cœurs doux, les poètes et les êtres végétatifs (par ascèse et éveil assurément). Le casting est catastrophique – disons 'le casting' pour ne pas accuser 'les acteurs' et car leur direction ou leur récupération peut être en cause, quoiqu'à ce point les torts doivent être partagés (Carole Franck est largement épargnée, parmi les principaux). Le faux naturel, les petits décalages et les détails bien laxistes ou 'libérés' sont surlignés dès les premières minutes ; puis c'est parmi ce que le cinéma peut fournir de pire qui s'étale et se dévoile.



Tout va bien, les poissons vous ont pas mordus les orteils (1h23)



Heureusement le film prend une tournure très dramatique à la trentième minute lorsque papa tape sur maman : la masculinité toxique de ce fringant cosmopolite donne de quoi rire ! Comme l'attitude de la femme en générale, ou ces dialogues cherchant souvent à prendre au dépourvu ou décupler l'intensité (sans miser sur autre chose qu'une intériorité décrétée, rapportée par les mots). On dirait qu'un admirateur de Dolan enceinte par procuration de Bresson s'est mis au soap. Dix minutes plus tard je n'en pouvais plus et souhaitais le dépeçage par charité de chaque individu passant sur l'écran et de son abjecte réalité (le tout sans haine, plutôt par résidu de tolérance et par dérision). Merci pour cette purge, bien que je ne sois probablement pas initié pour goûter ce qu'il y a à apprécier là-dedans. Peut-être des sentiments, des appartenances/une culture sociales qui me manquent – ou sont en trop chez les autres.


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le 15 juin 2018

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