Avec la maestria qu'on lui connaît, Ridley Scott (81 ans au compteur) nous plonge, grâce à une incroyable reconstitution, dans l'Italie des années de plomb. Le film retrace l'histoire d'un des plus retentissant kidnappings de tous les temps. Nous sommes en 1973 à Rome, à la nuit tombée dans les ruelles pavées du centre-ville, la jeunesse aisée se presse dans les cafés et les restaurants. La caméra de Scott s'attarde sur un jeune homme à l'allure chaloupée et féminine, au physique androgyne déambulant tranquillement, soudain une camionnette, des hommes cagoulés, le jeune homme disparaît ! Il s'appelle John Paul Getty III (Charlie Plummer), il s'agit du petit-fils de John Getty (Christopher Plummer), magnat du pétrole considéré comme l'homme le plus riche de la planète. Bientôt, les ravisseurs demanderont une rançon de 17 millions de dollars, mais le tout-puissant John Getty réputé pour son avarice, malgré l'amour qu'il porte à ce petit-fils qui lui ressemble tant, refuse de payer et de céder aux intimidations des ravisseurs. Getty mandate alors son chef de la sécurité, Fletcher Chase (Mark Walhberg), ancien agent de la C.I.A pour retrouver Paul. Ridley Scott fait de ce fait divers avéré, à la fois un drame, un véritable thriller et une impitoyable réflexion sur l'argent et le pouvoir à travers le rôle de John Getty tenu par Christopher Plummer remplaçant au dernier moment Kevin Spacey. Christopher Plummer et son charisme incomparable donne une stature quasi déifique à cet homme d'affaires aussi arrogant qu'impitoyable aussi tyrannique que misanthrope. Un homme qui ne craint personne et que tout le monde craint. Seule Gail Harris (Michelle Williams), la mère de Paul et la belle-fille de Getty aidée par Fletcher Chase sauront lui tenir tête. Les heures sont comptées, la vie de Paul ne tient qu'à un fil, s 'engage alors une course contre la montre qui prendra des proportions incroyables dans une Italie rongée par l'omerta, marquée par les brigades rouges, la mafia et la pauvreté. Avec «Tout l'argent du monde» Ridley Scott nous rappelle qu'il est toujours présent et que son sens du récit et de la mise en scène sont toujours là. Mention spéciale à Roman Duris qui est formidable en ravisseur italien rustre et au grand cœur.