Un vent nouveau dans le cinéma parisien: la fragilité autoritaire

Laurent Lafitte en kleptomane à l'éthique doucement antisociale n'est pas mal.


Mais les séquences immersives dans la psyché de Jeanne, en animation préado et voix-off pré-préado que nous inflige la réalisatrice sont tellement niaises et agaçantes qu'il devient très difficile d'avoir une appréciation globale du film. On se demande avec amertume ce qu'il serait arrivé si la réalisatrice avait essayé de faire son film jusqu'au bout et entrepris un travail de Cinéma avec Blanche Gardin au lieu de s'engouffrer dans ce raccourci (impasse) qui l'a amené à penser qu'on pouvait balancer en condensé toute la psychologie de son personnage dans ces "flashs immersion" qui hachurent le film (si c'était aussi facile, il y a fort à parier que ç'aurait sûrement été fait, depuis 1 siècle de cinéma parlant ). Imaginez avoir acheté un roman moyen et découvrir que toutes les 10 pages, l'auteur à jugé bon de vous coller 3 pages de Titeuf (et encore, sans le discutable sens de l'humour de Zep): et bien vous seriez en deçà du compte, par ce que vous pourriez toujours sauter les pages; là on doit tout se taper.


En plus d'être mal amenée et gênante, cette sur-précision psychologique détruit tout ce qui potentiellement pourrait faire le sel du film, ce qu'on pourrait voir, percevoir, imaginer, projeter du personnage. Strictement impossible de faire le lien entre ce petit fantôme à la voix débile et le personnage incarné par Blanche Gardin, même si la metteuse en scène s'acharne à tisser un dialogue entre l'intérieur et l'extérieur. Peu de surprise dans le fait que cette voix soit celle de l'auteure, qui n'a même pas semblé se soucier de donner aux pensées de sa protagoniste la voix de ... sa protagoniste. Comme si ce qui comptait, surtout, c'était de nous coller via la petite voix de ce petit fantôme ses petites angoisses, ses petits problèmes de surmoi, tout son "petit", de la manière la plus directe possible, dans une forme qui ne relève plus de l'art mais de la communication, au détriment de tout ce qu'il y aurait pu avoir de commun, de juste dans son film. Lisbonne, cadre de l'histoire, passe à la même moulinette, et ne recevra pas une fois les égards de la sensibilité esthétique de la réalisatrice.


Faut comprendre, les temps sont durs à Paris, on a besoin de se confier. Et puis ça intéresse les autres, c’est Zuckerberg qui le dit.


Bref, un saccage brutal de ce qui pouvait rester de délicat, d'ambigu, de fin, d'un petit-peu beau dans le rapport des auteurs à leur personnage, le dernier argument que pouvait opposer à ses pourfendeurs la production sous-truffaldienne générique qui fait le gros du cinéma Parisien contemporain. Le fait que personne ne prenne la peine de le remarquer témoigne de la complaisance qui règne entre la critique et ce dernier... Une complaisance spéciale, de celles que l'on réserve aux moribonds?

Jacques_Pouffier
3

Créée

le 21 sept. 2022

Critique lue 47 fois

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