#Tout va bien
5.2
#Tout va bien

Court-métrage de Matthieu Boivineau (2019)

Comme nous l'a fait remarqué notre ami Gros pooper : l'idée de départ est prometteuse mais le traitement est calamiteux. Et pour le Prix de la meilleure interprétation, la prestation de la demoiselle est tout de même très moyenne. C'est surjoué et cela sonne faux, le jeu n'est pas juste. Et surtout, le fait que ce personnage soit obligé de raconter tout ce qu'il se passe témoigne de la médiocrité de la mise en scène. La mise en scène ne montre rien de probant, alors la protagoniste se doit de pallier à cela en nous faisant lourdement part de chaque évènement, comme si on lisait le journal intime d'une influenceuse Instagram. Ce n'est pas intéressant. Ce n'est pas du cinéma.


Cela rentre en contradiction avec un principe fondamental des techniques cinématographiques ardemment défendu par Steven Spielberg : un bon métrage est un métrage que l'on peut comprendre et apprécier même si on lui retire toutes ses répliques. Le réalisateur américain a déjà confié en entrevue qu'il composait ses plans de manière à ce que ses films soient compréhensibles même démunis de tout dialogue. La base du langage cinématographique passe par le travail du cadre, la mise en scène et la photographie : la musique et les dialogues sont des outils supplémentaires mais non indispensables pour raconter une histoire. Rappelons que le cinéma était muet durant les quarante premières années de son existence. Ici, c'est tout le contraire, plus rien n'a de sens si jamais on enlève les répliques du personnage puisque les plans, qui ne racontent rien du tout, sont montés sans queue ni tête.


La volonté du court-métrage est d'utiliser le médium contemporain que sont les sites de réseautage en ligne - Instagram en l'occurrence - comme dernier regard sur notre monde en perdition, et d'inscrire cela en opposition aux traditionnels journaux télévisés déjà exploités maintes et maintes fois. Effectivement, on ressent bien l'aspect « réseaux numériques » avec ces horribles filtres, émoticônes et légendes qui parasitent l'écran ici et là ainsi que ce cadrage des enfers à la verticale, laissant ces affreuses bandes noires de part et d'autre du champ qui donneraient une crise d'urticaire à Antoine Daniel. Pas de doute, on comprend immédiatement à quoi nous avons affaires. Maintenant, il s'agirait d'utiliser cette esthétique, aussi laide soit-elle, pour faire du cinéma, ou seulement pour l'exploiter même sans avoir la prétention de faire un métrage. Le traitement de l'idée est vraiment très faiblard.


Et puis, comme d'ordinaire, on s'amuse à tout mélanger sans aucun travail de documentation. La thématique du dérèglement climatique dû à l'activité humaine est bien plus complexe et insidieux qu'on veut bien nous le laisser croire. Ici, on ne prend pas la peine de décortiquer les évènements et de les expliquer. Bien sûr que non, c'est plus simple de faire un truc grossier et fourre-tout. On a donc pour commencer une canicule en plein hiver, puis une histoire de tempête, puis une explosion dans une centrale nucléaire, puis l'arrêt des centrales électriques et des réseaux de distribution des eaux, puis l'air qui devient soi-disant irrespirable... Qu'est-ce que c'est que ça ? On parle des conséquences du dérèglement climatique ou bien d'une guerre atomique mondiale ? À quel moment la France, qui est en zone tempérée, est censée essuyer des tempêtes pouvant provoquer l'explosion d'une centrale nucléaire construite pour résister à un séisme de magnitude 6 ? À quel moment l'air ambiant est censé devenir irrespirable ? Les chinois auraient-ils cramé trop de charbon ? Et que fait cette meuf toute seule dans son appartement alors qu'apparemment tout le département et toute la ville ont été évacué ?


Non, cela n'a aucun sens. Décidément, rien ne vas plus.

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le 24 nov. 2020

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