Fork Story

Toy Story, tout premier long-métrage d'animation sorti en 1995 avait marqué le début de l'ère numérique au cinéma. Textures pixelisées, personnages humains presque flippants, travail de la couleur et de la lumière assez fade suffisaient à faire illusion sur le public de l'époque et à faire rêver les plus jeunes, dont moi. En 2019, après un cursus dans la conception et l'animation 3D, me voilà rôdé sur les méthodes et tout le processus de création d'un long-métrage d'animation et fin prêt à apprécier dans son entièreté ce nouveau Toy Story 4. Et franchement, quelle claque esthétique !

Bon pour ce qui est de la partie graphique, ce nouvel opus est clairement un gros step-up dans le réalisme et l'attention au détail. La première scène du film annonce la couleur, voilà ce que c'est la 3D aujourd'hui, des décors photographiques, des textures travaillées au micron près, une gestion des fluides (le mélange d'eau, de boue et de feuilles) juste bluffante de réalisme et une animation toujours au top, celle-ci étant particulièrement appréciable dans cet univers de jouets riches de formes et de capacités de se mouvoir toutes uniques. Avec ça, on a une étude finement menée sur toutes les structures qui vont être présentées, les jouets étant de petite taille, on a accès à une palette d'endroits normalement impossibles d'accès : les rouages et mécanismes des différentes attractions, les placards d'un antiquaire qui deviennent des couloirs de passage, jusqu'à l'intérieur de la structure d'une voiture-moufette téléguidée. En bref, tout au long du film j'ai été époustouflé par la finition et le réalisme de tout cet univers, c'est d'ailleurs marrant au niveau des personnages humains qui sont toujours physiquement cartoonisés, mais super réalistes dans les textures et les animations.

Maintenant pour ce qui est du scénario, je ne voyais pas bien comment tenir le niveau après le troisième volet que j'avais trouvé très bon de A à Z, eh bien là aussi le pari est relevé ! Woody devient le "jouet perdu" qui n'a plus le rôle principal aux yeux de son enfant, Buzz se sent investi d'une mission, guidé par sa "voix intérieure" (franchement cette idée, c'est du génie), on retrouve la Bergère en warrior de la jungle, et on découvre Forky un personnage très bien pensé qui ne se considère pas comme un jouet mais plutôt comme un déchet. Avec ça on va découvrir une galerie de personnages hauts en couleurs qui viennent tous apporter un intérêt certain dans les scènes. J'ai trouvé l'humour très bien dosé, rien ne tombe à plat (contrairement aux tope là qu'essaie d'effectuer une certaine figurine Action Man-like) et certaines scènes vont vraiment loin dans le délire (la séquence de récupération des clés est une pépite). Et on va donc naviguer dans les différents lieux de la fête foraine avec comme objectif de récupérer Forky des griffes de sombres jouets abandonnés dans un antiquaire. Toujours captivant, les rares temps-morts servent de façon cohérente le récit, et le charisme des différents personnages nous garde captivés. On a certains messages de fond plutôt mignons concernant l'évolution des enfants, l'importance que ces derniers portent à leurs jouets au fil du temps et la conclusion du film ressemble à une conclusion possible de la saga, c'était plutôt émouvant en tout cas !

Pixar montre une fois de plus que le concept de sequel d'une série de films très appréciés ne leur fait pas peur et ils arrivent à surprendre à chaque fois, que ce soit esthétiquement et scénaristiquement.
Ah et je vous conseille de rester pendant le premier générique qui montre des petites scènes insolites très drôle, et pour les plus patients on a même pensé à vous avec une mini-scène post-générique ! ;)