"Trafic en haute mer" raconte le combat d'un homme prêt à tout pour sauver son outil de travail, un bateau qui est aussi le symbole de toute une vie laborieuse.
La portée philosophique de l'œuvre d'Hemingway (To have and have not) donne à la lutte de John Garfield un caractère pathétique qui dépasse le simple cadre de l'action. Ce thème de la volonté et de la ténacité, avec la mer comme théâtre du drame, rejoint sans doute l'acharnement du "Vieil homme", autre sujet d'Hemingway. Et on voit Harry Morgan, ce travailleur honnête et père de famille modèle, franchir les degrés de la corruption, au sens moral du terme, sous le regard de son âme damnée, Patricia Neal, belle, tentatrice et symbolique, à la blondeur de femme fatale.
Plus prosaïquement, ces aventures maritimes montrent John Garfield vendre son concours à des transports illicites.
"Un homme seul n'a aucune chance" sera la morale de ce film où l'on devine d'où peut venir la rédemption, un film tourné comme une série noire, avec ce que cela implique de concision et de rigueur.