Après vous avoir parlé de Rich and Famous il y a quelques jours, on va s’attarder aujourd’hui sur sa suite Tragic Hero, qui avait eu droit à une sortie chez nous en 1991, en VHS, chez Kara Films, sous le titre Black Vengeance. Une suite qui, de l’avis de la majorité de ceux qui ont vu le diptyque, lui est supérieure en partie grâce à son final explosif qui en a marqué plus d’un. Alors je ne dois pas être foutu comme tout le monde car, malgré un final effectivement assez mémorable, bien que maladroit, Tragic Hero n’a pas eu l’effet escompté. Le film est malgré tout des plus appréciables, dans la continuité de Rich and Famous (c’est normal, c’est une suite me direz-vous), mais pourtant je l’ai trouvé moins bon. Explications.


Tourné en même temps que Rich and Famous, l’action se déroule neuf ans après les évènements décrits dans la première partie. Presque tous les acteurs, à l’exception de ceux qui ont péri, sont donc présents mais le scénario va en mettre certains en retrait, comme Andy Lau, et en mettre d’autres sur le devant de la scène, comme Chow Yun Fat. Boss Chai (Chow Yun Fat) est maintenant marié à Po Yee (Carina Lau) avec qui il a eu un fils. Il est toujours le chef de gang numéro un des triades mais il s’est un peu assagi. Ses hommes de main ont vieilli, ses ambitions sont moindres et il s’est tourné vers des affaires plus légales, comme des restaurants. Kwok (Andy Lau), de son côté, s’est installé en Malaisie, dans la ville de Malacca, où il s’est marié et a adopté plusieurs enfants. L’inspecteur Cheung (Danny Lee), après avoir été promu, et revenu de sa mutation forcée à la frontière, et s’est remis à surveiller Chai bien qu’une relation plus amicale, plus respectueuse, se soit installée entre eux. Wai-Chu (Pauline Wong) est toujours la femme de ménage de Chai mais est secrètement amoureuse de lui depuis des années. Chai s’est réconcilié avec son rival Chu mais cette entente est mise en danger car Yung (Alex Mann) a les dents longues et est, petit à petit, en train de se monter une petite « armée » avec pour ferme intention de régner en maitre sur toutes les triades de Hong Kong. Lorsque Yung décide d’éliminer son boss Chu, ça va être le début d’une escalade de violence où Yung n’épargnera personne. A l’instar de Rich and Famous, Tragic Hero va prendre son temps dans sa première heure. Là où le premier film prenait son temps pour développer ses personnages et leurs relations, Tragic Hero prend le temps de faire monter la tension, de rendre le personnage de Alex Man de plus en plus détestable, de plus en plus impitoyable. Alex Man est d’ailleurs hallucinant dans ce rôle, complètement habité par son personnage, certes constamment en surjeu mais un surjeu qui est très convaincant dans sa transformation (sur les deux films) de protagoniste aimable et fidèle en antagoniste méprisable et pourri. Dans l’ensemble, c’est tout le casting qui s’en sort avec les honneurs, avec une mention spéciale pour Shing Fui-On très crédible en garde du corps loyal de Chow Yun-Fat.


Taylor Wong et ses scénaristes vont faire monter la pression au fur et à mesure que le personnage de Yung fait des siennes. Sauf que la première heure du film est bancale car tout va trop vite. La faute sans doute à un tournage et une post-prod dans l’urgence afin de sortir le plus rapidement possible après le succès du Syndicat du Crime de John Woo, ce qui expliquerait aussi sans doute pourquoi Chow Yun-Fat est bien plus mis en avant dans cet opus, sorti en premier, que dans Rich and Famous (où il est au second plan). Le scénario avance vite, il y a des rebondissements, mais c’est encore plus maladroit et prévisible que dans le premier film. Il y a de grandes chances que si ce diptyque n’avait été qu’un seul et même film de 3h, ou alors si les deux films avaient été moins faits dans l’urgence, l’ensemble aurait été plus homogène. Heureusement, le final vient remonter la barre de bien belle manière, un final qui aurait inspiré John Woo pour celui dans la villa dans Le Syndicat du Crime 2. Chow Yun-Fat et Andy Lau vont affronter ici plusieurs dizaines de sbires à l’arme lourde : uzis, mitrailleuses lourdes, fusil à canon scié, lance-roquettes dans un festival de violence où les corps vont être criblés de balles, où les explosions vont faire voler en éclats le décor. Une énorme fusillade où personne ne semble à court de balles (une constance dans le genre heroic bloodshed), où les corps vont s’entasser, où les moments de bravoure sont légion. Là aussi des passages un peu bancals, comme cet affrontement maladroit mano à mano entre Alex Man et Chow Yun-Fat, mais c’est compensé par une générosité et un côté over the top qui rendent ce final savoureux. On se fiche ici de la vraisemblance de la scène, avec ces corps qui ont parfois besoin de 30 balles pour tomber au sol, c’est tellement jouissif à voir, tellement cinégénique et tellement intense dans son traitement qu’il est impossible, pour tout amateur du genre, de bouder cette scène.


Rich and Famous mettait en place les personnages et leurs relations, Tragic Hero accélère le pas et fait tout péter lors d’un final explosif. Certes, la première heure est un peu en deçà, mais l’ensemble se tient et les deux films forment ensemble une épopée mafieuse assez efficace.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-tragic-hero-de-taylor-wong-1987/

cherycok
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le 24 juin 2022

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