Dans 1 000 ans, y auras plus de mecs et de nanas, que des branleurs.

Un petit chef d’œuvre que je me devais de voir, et qui ne m'a pas laissé indifférent.

Trainspotting, avant toute chose, c'est une bande son : "Lust for Life" (Iggy Pop, David Bowie), "Perfect Day" de Lou Reed, "Born Slippy" d'Underworld... j'en passe et des meilleurs.

Les musiques collent parfaitement à l'ambiance, et sont utilisées avec beaucoup d'intelligence. Quand le film s'ouvre sur un Renton qui pique un 100 mètres pour échapper aux vigiles d'un magasin qu'il a volé avec son comparse "Spud" le tout sur Lust for Life, tu commences à comprendre que t'a à faire à un bon film : qualité du montage, vraiment dynamique, scène d'introduction bien branlée qui te présente tous les personnages, et te permet de comprendre directement leurs caractéristiques, soutenu par l'excellent Lust For Life et par-dessus tout ça, Renton qui te balance son speech sur la vie, sur le sens qu'il donne à son addiction à l'héroïne...

Et des éclairs de génie comme ça, le film en est plein. Entre les délires de Renton qui, plongeant la tête dans les toilettes les plus crades d'Edimburgh à la recherche de ses suppos d'opium, s'imagine nageant dans un océan ou bien l'overdose qu'il se prend, scène magique que l'on n'imagine pas autrement qu'avec "Perfect Day" de Lou Reed. L'essence du film est là : des scènes fortes, magnifiquement mise en scène, une bande-son qui construit l'ambiance autant que les images.

Quand en plus de tout ça, tu te retrouves avec des acteurs qu'on sent vraiment impliqués, ça ne peut donner que quelque chose de grand. Ewan Mc Gregor incarne un Renton junkie, certes, mais aussi un branleur on ne peut plus normal, qui a ses moments de lucidité. Mc Gregor sublime le film, il est parfaitement crédible. Et il n'est pas le seul, Ewen Bremner en Spud, junkie un chouilla débile, Jonny Lee Miller en "Sick Boy", un bellâtre sûr de lui, mais complètement à la ramasse, et surtout Robert Carlyle en psychopathe violent (mais pas drogué ). En Vo, l'accent écossais des protagonistes rajoute une bonne dose authenticité.

La grande force de ce film, c'est de montrer une réalité, crue, sans vraiment prendre clairement parti. A l'inverse de "Requiem for a Dream" qui passe son temps à tirer sur la corde sensible, qui tombe dans le pathos à grand renfort de musiques dramatiques et de larmes, Trainspotting distille un message bien plus efficace avec un humour cynique, une mise en scène cradingue et des personnages traités avec beaucoup de justesse.
La passion de l'héroïne que développent les quatre branleurs ne vient pas d'une enfance malheureuse, d'un père qui abusait d'eux quand ils étaient petits tandis que leurs mamans respectives sombraient dans l'alcool, non, la majorité d'entre eux semblent avoir eu des enfances normales. Pas de grandes déchéances ici, et c'est tant mieux, on tombe pas dans le cliché.
Toutefois, le film reste très critique envers la drogue, et certaines scènes terribles (notamment le bébé abandonné à lui-même au milieu du squat de junkie pendant que papa-maman se shoote à côté) font mouche, sans pour autant te prendre pour un con.

Avec des dialogues bien écrits, des acteurs plus qu'impliqués, une mise en scène d'une rare pertinence et un montage quasi-parfait, Trainspotting ne pouvait être qu'une réussite. Un film qui traite d'une manière originale l'enfer de la drogue, sans se prendre en pleine gueule les écueils habituels, un film qui pointe avec une forme de bienveillance la stupidité humaine. A voir et revoir.

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le 14 févr. 2015

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Petitbarbu

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