Coquille vide
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Une étrange ballade dans l'esprit cloisonné d'un jeune urbain, marginal dans ses sentiments, dans ses désirs, dans ses craintes et jusque dans ses fantasmes.
Ce sont des pulsions contradictoires qui balisent le chemin du jeune Milo, un ado du Queens esseulé, renfermé sur lui-même, moqué voire maltraité par les petites frappes de son quartier qui ne voient en lui qu'un "freak" sans sans caractère ni personnalité. Il faut dire que Milo cache bien son jeu, et à juste titre; son univers mental se nourrit d'une fascination sans bornes pour le vampirisme. Mais attention, rien de symbolique dans cet attrait, le mythe romantique du vampire ne l'intéresse absolument pas, non, il ne recherche pas les frissons ni les émotions, cet intérêt quasi exclusif se porte vers une interprétation bien plus triviale du sujet. D'ailleurs, sa collection de films vampiriques ne contient que des histoires "réalistes"; les contes ou les romances ne lui parlent pas un instant, ne l'instruisent pas sur la façon de devenir un vrai buveur de sang. Car Milo veut du sang, a besoin de sang, réellement, peut-être pour se sentir incarné, essayer de sentir en lui la vie couler, quitte à ce qu'il s'agisse un peu de celle des autres.
Milo, un personnage atypique, sans aucun charisme, presque lymphatique, que l'arrivée de l'amour dans son existence n'humanisera qu'à (grande) peine, n'est pas là pour faire adhérer le spectateur à son errance, à sa plongée intérieure. L'empathie n'est presque pas possible et très certainement pas souhaitée par M. O'Shea. Il faut le répéter, nous ne sommes pas dans un film aux enjeux romantiques mais assistons à la dissection d'un cheminement dépressif déjà bien entamé vers sa phase terminale. Quand la nouvelle voisine de Milo, au parcours cahoteux, comme lui, deviendra sans surprise sa petite amie et "s'immiscera" dans sa vie, il sera déjà trop tard pour un réel revirement thématique. Cette liaison n'a pour but que d'éclairer encore un peu plus notre personnage principal sur les barrières dressées en lui, qui le tiennent définitivement à distance du monde des émotions. Le constat est radical et exclut, à défaut de remises en cause, tout retour en arrière. "Transfiguration" est un film sur la morbidité du quotidien, tous les personnages secondaires sont là pour le rappeler, sans envolées, sans lyrisme; celle qui finit d'emporter ce qui est déjà perdu.
Une image soigneusement glauque ainsi qu'une réalisation incontestablement morne et austère peuvent déconcerter, mais comment ne pas louer la cohérence de ce parti pris artistique vis-à-vis de son sujet. Oui, le rythme est embourbé et apathique mais parvient ainsi d'autant mieux à distiller le malaise évoqué. Démarche globale osée et indépendante.
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le 8 oct. 2017
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