Transmutations
3.7
Transmutations

Film de George Pavlou (1985)

Transmutations (George Pavlou, Royaume-Unis, 1985)

La carrière de Clive Barker a toujours été plus ou moins proche ou associée au monde du cinéma. Dans les années 1970 il faisait partie d’une troupe de théâtre expérimentale, dans le Londres Peace & Love. Une expérience dont résultent deux courts-métrages ‘’Salomé’’ et ‘’The Unforbidden’’. Mais ce n’est qu’en 1985 qu’il fait ses premiers pas vers un cinéma plus accessible, avec un scénario original : ‘’Transmutations’’ ou ‘’Underworld’’. Quand y’a plusieurs titres disponibles, en général c’est pas très bon… Et oui, c’est pas très bon…
À l’origine de l’histoire, et co-scénariste, Clive Barker a plutôt mal vécu cette première expérience. Se sentant dépossédé un peu du matériau mit à disposition. Avec le coup des années ce sentiment est d’autant plus visible, que le film de George Pavlou a très mal vieilli. Au point de se demander si déjà en 1985 il ne faisait pas un peu daté.
En fait, le point négatif principal du métrage est qu’il ressemble plus à un épisode d’une série tv allemande, qu’à un véritable film horrifique. Tout y est un peu risible, de la mise en scène qu’un platiste ne renierait pas, au jeu des acteurs à côté de la plaque. Et c’est d’une lenteur… Que c’est long ! L’intrigue n’avance pas et les scènes manquent toutes de souffles. Tout comme l’ambiance, torchée aux néons.
À l’origine l’histoire voit un type recruté par un milliardaire, afin de retrouver son ex-femme devenu prostipute de luxe dans un bordel haute gamme. S’en suit une descente aux enfers, qui amène le pseudo-détective hard boiled, personnage principal, dans une descente aux Enfers, illustrée par les égouts et de drôle de personnages difformes… Il découvre alors que le rapt de son ex-femme cache bien plus qu’un simple kidnapping pour de la thune.
Une histoire plutôt convenue, puisqu’elle reprend de loin celle de ‘’The Searchers’’ de John Ford, qui a connu de nombreuses déclinaisons depuis sa sortie en 1956. Une œuvre dont l’impact sur le cinéma est extraordinaire. Mais ce n’est jamais mal de reprendre une base existante, si tant est qu’on ait quelque chose à y apporter.
Et c’est là que le bas-blesse, ‘’Underworld’’/’’Transmutations présente vraiment toutes les caractéristiques d’une bonne histoire et d’un scénario efficace, qui par l’arrivée des transmutés, donne une autre dimension à l’ensemble. Hors, ça ne décolle jamais. Et les monstres sont très secondaires, au point de n’avoir que très peu d’intérêt à l’histoire. Du fait, George Pavlou se rate à peu près sur tous les tableaux. Ce n’est pas un bon polar, c’est un film d’horreur raté, un drame à côté de la plaque qui tient plus du nanard pas drôle, que de l’enquête angoissante.
Cependant, toutes les thématiques qui font l’œuvre de Clive Barker sont déjà présentes. Et c’est en cela qu’il peut être intéressant de voir ce film. Uniquement pour le replacer dans la carrière de son auteur. Qui deux ans après allait réaliser l’un des chef d’œuvres du film d’horreur moderne, avec ‘’Hellraiser’’.
S’y retrouve des personnages sulfureux, toujours en quête d’un plaisir plus extrême, aux désirs innommables, flirtant sans cesse avec les barrières de la morale et de la réalité, pour goûter à l’ailleurs. La déformation des corps, le pourrissement, fort d’une beauté poétique horriblesque (raté dans le film, la faute à des prothèses pas du tout convaincantes),de laquelle se dégage un humanisme plus radicale, né de cette différence.
Il y a donc dans ‘’Transmutations’’ toutes les promesses tenues dans l’œuvre littéraire de Clive Barker, et dans les films qu’il a lui-même réaliser. Même si sa relation avec les producteurs sera toujours problématique. Étant un homme de vision, Clive Barker est peu porté sur le compromis. Ce qui fait qu’il réalisera malheureusement peu de films, et que deux de ses trois réalisations seront atrophiées par des saloperies de producteurs, pour qui l’art rime avec $.
Néanmoins, ces premières œuvres existent, et ‘’Underworld’’ demeure en cela un objet d’étude, qui a défaut d’être plaisant, a le mérite d’exister, signant un peu l’acte manqué de la naissance d’un grand conteur au cinéma. Sa seconde expérience l’année suivante sera à peu près similaire, bien que le film soit plus regardable. Formant une sorte de diptyque foireux, mais made in England. Avant que Barker ne s’envole pour Hollywood, et que sa carrière d’écrivain rencontre un immense succès. Faisant de lui l’un des auteurs horrifiques le plus lu au monde. À côté de ça ses échecs apparaissent comme tout à fait relatifs…


-Stork._

Peeping_Stork
2
Écrit par

Créée

le 21 févr. 2020

Critique lue 185 fois

Peeping Stork

Écrit par

Critique lue 185 fois

D'autres avis sur Transmutations

Transmutations
Les-Oublis-du-cinma
6

Nicole au royaume des mutants

'Underworld'Le docteur Savary a mis au point une drogue extrêmement dangereuse, capable de transformer en mutants ceux qui l’absorbent. Ses victimes, devenues des monstres rebutants, sont contraintes...

Transmutations
Peeping_Stork
2

Transmutations (George Pavlou, Royaume-Unis, 1985)

La carrière de Clive Barker a toujours été plus ou moins proche ou associée au monde du cinéma. Dans les années 1970 il faisait partie d’une troupe de théâtre expérimentale, dans le Londres Peace...

le 21 févr. 2020

Transmutations
Voracinéphile
5

Clive Barker's legacy

Acheté avec le précédent Hemoglobine, Transmutations se lance dans des comparaisons tout aussi grandiloquentes, puisqu'il cite Clive Barker sur sa couverture (alors qu'il n'est que vaguement impliqué...

le 4 déc. 2015

Du même critique

The Way Back
Peeping_Stork
10

The Way Back (Gavin O’Connor, U.S.A, 2020, 1h48)

Cela fait bien longtemps que je ne cache plus ma sympathie pour Ben Affleck, un comédien trop souvent sous-estimé, qui il est vrai a parfois fait des choix de carrière douteux, capitalisant avec...

le 27 mars 2020

16 j'aime

6

Gretel & Hansel
Peeping_Stork
6

Gretel & Hansel (Osgood Perkins, U.S.A, 2020, 1h27)

Déjà auteur du pas terrible ‘’I Am the Pretty Thing That Lives in the House’’ pour Netflix en 2016, Osgood Perkins revient aux affaires avec une version new-Age du conte Hansel & Gretel des...

le 8 avr. 2020

13 j'aime

2

The House on Sorority Row
Peeping_Stork
9

The House on Sorority House (Mark Rosman, U.S.A, 1982)

Voilà un Slasher bien particulier, qui si dans la forme reprend les codifications du genre, sans forcément les transcender, puisqu’il reste respectueux des conventions misent à l’œuvre depuis 3 ans,...

le 29 févr. 2020

10 j'aime